« Les oubliés du Ségur » : mobilisation nationale pour les techniciens de laboratoire !

Publié le 26/05/2021

Mardi 18 mai, le syndicat CFDT Santé Sociaux d’Ille et Vilaine a appelé les techniciens de laboratoires privés et publics à faire grève pour revendiquer la revalorisation de leur métier. Plus de 150 d’entre eux ont suivi le mouvement et se sont rassemblés au CHU de Rennes, sur le site de Pontchaillou. 

Ils sont venus de loin pour se faire entendre ! Près d’une dizaine de sections syndicales de la région ont suivi l’appel à la grève. À l’origine de cette mobilisation, la section des techniciens de laboratoire du centre hospitalier de Fougères qui a été rejointe par les sections des centres hospitaliers de Saint-Brieuc, Saint-Malo, Pontivy, Dinan, Paimpol, Lannion, Rennes, et Guingamp, ainsi que par les militants du syndicat Santé Sociaux 35.  

Le 12 avril dernier, le gouvernement a présenté la deuxième étape des accords du Ségur de la santé, prévoyant la revalorisation des carrières pour les soignants paramédicaux. Au premier octobre 2021, près de 500 000 soignants seront concernés par une amélioration des grilles de salaires. Mais comme beaucoup d’autres métiers, les techniciens de laboratoire ne figurent pas dans cet accord.  

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Quelles revendications ?  

Si le cabinet du ministre a adressé un courrier pour promettre que les techniciens de laboratoire passeront en catégorie A au 1er janvier 2022, beaucoup d’adhérents restent dubitatifs et craignent l’effet d’annonce. Et pour cause : « Cette revendication du passage en catégorie A, existe depuis le début des années 2000 », raconte une militante retraitée 

Les techniciens de la fonction publique hospitalière exigent le passage en catégorie A et la revalorisation de leurs grilles de salaires, et ce dès octobre 2021, comme les autres professionnels de santé. Ils réclament aussi le déplafonnement de l’ancienneté au-delà de 15 ans, et l’augmentation de la participation employeur sur la complémentaire santé et les Œuvres Sociales et Culturelles. 

Les salariés du secteur privé demandent également des augmentations de salaires pérennes équivalentes à celles du secteur public, alors que les laboratoires ont réalisé une augmentation des chiffres d’affaires de 4,5% en 2019, et que les premiers chiffres de 2020 font état d’une progression de 20 à 50%. 

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Les invisibles de la première ligne 

Moins rémunérés que le personnel soignant, et oubliés des accords du Ségur, les techniciens de laboratoire font pourtant partie des premières lignes dans la lutte contre le Covid-19. Ce sont notamment eux qui analysent les tests PCR et délivrent les résultats.  

Laurence Le Bras, militante CFDT du Centre Hospitalier de Fougères, témoigne : « On fonctionne par roulement, mais les techniciens sont mobilisés 24h/24 y compris les week-ends pour appuyer l’hôpital. Nous sommes un maillon spécifique mais indispensable de la chaîne de soin. Nous méritons d’être considérés en tant que personnel soignant et de bénéficier de la revalorisation salariale en octobre comme les autres. »  

Une technicienne du CHU de Rennes confirme : « La charge de travail est considérable ! Le travail de nuit et le week-end à des conséquences importantes sur la vie privée des techniciens, pourtant il n’y a aucune reconnaissance. »  

« Nous sommes aussi parmi les premiers exposés au risque biologique en manipulant les objets contaminés : il y a le Covid, mais aussi le sida, la tuberculose et d’autres... », ajoute un autre gréviste. 

Katia Merienne, secrétaire générale du syndicat Santé Sociaux 35, demande une reconnaissance collective à la hauteur de l’investissement des techniciens face à la crise sanitaire.  

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Un dialogue social difficile 

Dans le meilleur des cas, les directions des Centres Hospitaliers restent neutres et renvoient la décision vers le ministère. Mais cela se passe parfois moins bien, comme au Centre Hospitalier de Saint-Malo où la direction a commis un délit d’entrave au droit de grève en ne respectant pas l’accord sur les effectifs minimums en cas de grève au laboratoire et en interdisant l’affichage de tracts et de banderoles.  

La CFDT a interpellé la direction du Centre Hospitalier de Saint-Malo le 11 mai en lui rappelant les modalités du droit de grève figurant dans la Constitution Française du 4 octobre 1958 et dans le Code du Travail. Nous restons sans réponse... 

De manière générale, le personnel déplore un manque de soutien et de reconnaissance et veut être entendu. Si aucune avancée n’est obtenue, les grévistes se disent prêts à reconduire le mouvement ! 

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