CHEZ BIBUS BREST : FAIRE FACE AUX INCIVILITÉS

Publié le 18/05/2020

Principale organisation syndicale depuis une quarantaine d’années, la section CFDT de bibus place la parole du salarié au cœur de son action militante en accordant une écoute permanente à leurs préoccupations.

Depuis le début du confinement, nous avons mis en place une permanence téléphonique quotidienne très efficace. Nous recevons beaucoup d’appels de nos collègues inquiets », constate Luc Daniel, le délégué syndical CFDT de Bibus, l’entreprise qui assure le service public du transport urbain à Brest, elle-même filiale de la RATP Dev. Dans cette entreprise de 480 salariés qui, depuis le confinement, travaillent deux jours par semaine, de nombreuses interrogations se sont fait jour. L’impact du chômage partiel sur les salaires préoccupe en premier lieu les travailleurs de Bibus : « Combien vais-je être payé ? », demandent-ils. Mais ils posent aussi de nombreuses questions telles que : « Vaut-il mieux être en maladie ou en garde d’enfants ? Est-ce qu’il y a un risque pour mes proches ? Ma compagne ne veut pas que je prenne de risques en allant travailler, que faire ? Ai-je le droit de travailler gratuitement dans une association pendant le chômage partiel ? Etc. »

À ces questions, la section CFDT répond individuellement et collectivement. « Six élus se relaient à cette permanence, Arnaud Florent, Sophie Lannuzel, Thierry Laurans, Jorg Tomas, Pascal Larvor et moi-même. Chaque semaine, on synthétise les questions et on adresse les réponses à l’ensemble du personnel afin de garantir un niveau d’information collectif », précise Luc Daniel. Sur les salaires qui ne sont payés qu’à 84 %, la section a déposé un préavis de grève qui court jusqu’à la fin de l’année pour obtenir le paiement à 100 %. Elle s’est cependant engagée à ne pas déclencher de mouvement social pendant la période du confinement.

Attentifs aux individus

Cet engagement permanent au plus près des préoccupations des adhérents SNTU-CFDT explique la confiance renouvelée à chaque élection depuis une quarantaine d’années. « 80 % des salariés sont adhérents et on a fait 80,29 % des voix aux élections CSE de janvier 2019, avec une participation de 95 %. Ce rôle de première organisation implique de nombreux devoirs et obligations », rappelle Luc Daniel.

En temps normal, la section tient une permanence hebdomadaire très courue. « Ici, les salariés ne se tournent pas vers les ressources humaines lorsqu’ils ont un problème mais vers la CFDT et ils attendent de nous des réponses individualisées. » La section dispose d’un site et du mail de chacun de ses adhérents. « Nous n’avons pas de page Facebook par choix, explique Luc, la plupart des rumeurs et fausses informations arrivent par ce canal. On le surveille mais c’est tout. »

Bien entendu, les résultats engrangés au cours du mandat, notamment lors des NAO, pèsent dans le vote des travailleurs. « Nous portons aussi une attention particulière aux individus, revendique le DS, et cela est possible parce que nous pratiquons un syndicalisme de proximité. Je suis délégué syndical ET conducteur. Tous les élus CFDT gardent une activité, nous n’avons pas de permanent et nous y tenons beaucoup ! »

Au début du confinement, les conducteurs ont dû faire face à des actes d’incivilité et de non-respect des règles de distanciation. De nombreux salariés se sont plaints. « Nous estimons que notre rôle est de transporter les clients, pas de faire la police. Nous avons alerté la Métropole de Brest, la préfecture et la police qui ont mis en place des contrôles et ça s’est calmé », raconte-t-il.

Un espace sanctuarisé

Pour protéger les salariés, la CFDT a demandé que le poste de conduite soit sanctuarisé. Ainsi, un ruban rouge et blanc situé deux sièges après le poste de conduite isole le conducteur et dissuade les usagers de s’en approcher. Les entrées dans le bus ne s’effectuent plus par l’avant. La vente de billets à bord est aussi arrêtée. De même dans les tramways, les portes avant ont été neutralisées.

La CFDT a également demandé que la désinfection des bus et trams soit plus adaptée. « Nous ne sommes pas satisfaits à ce sujet. Deux salariés sont censés désinfecter pendant 50 minutes chaque véhicule chaque jour, de 20 h à minuit. Or, il y a 23 bus à désinfecter, c’est mathématiquement impossible, affirme Luc Daniel, une explication de la direction s’impose. »

La section devrait aussi interpeller RATP Dev Brest sur le déconfinement. « Le respect des normes de distanciation physique dans les transports urbains nécessiterait des moyens exceptionnels, sans eux, les recommandations gouvernementales sont quasi inapplicables », martèle Luc Daniel. Les conducteurs redoutent un retour à la normale avec des bus bondés et des incivilités. « Il y va de l’obligation pour l’employeur d’assurer la sécurité des salariés. La direction va installer des séparations en Plexiglas pour préserver le conducteur, c’est un dispositif supplémentaire pour la protection des salariés. Cependant, nous demandons que la sanctuarisation de l’espace conducteur perdure le temps de l’urgence sanitaire par le maintien des entrées par les portes arrière des bus, précise le DS, et surtout nous exigeons des “points d’étapes” réguliers afin d’adapter les décisions de la direction à la réalité des salariés. Pour la section, la prise en compte de la parole du salarié, dans ce contexte d’incertitudes, prendra toute sa place par un dialogue social constructif et une concertation responsable en lien avec les instances représentatives du personnel. »