Les enseignants des lycées professionnels en grève contre la réforme annoncée par Emmanuel Macron

Publié le 24/10/2022

Mardi 18 octobre, plus de 900 enseignants des lycées professionnels bretons ont participé à un mouvement de grève pour faire entendre leur opposition à la réforme du Gouvernement esquissée à la rentrée. Pour la CFDT, cette réforme entame la casse du modèle de l’enseignement professionnel et condamne l’avenir des élèves.

C’est un NON catégorique ! La réforme du lycée professionnel dévoilée par Emmanuel Macron le 13 septembre dernier a été rejetée par l’ensemble des organisations représentantes du personnel. Dans l’enseignement public comme privé, la CFDT est très inquiète des conséquences de cette réforme sur les 600 000 lycéens de la filière professionnelle.

Les syndicats Fep (enseignement privé) et SGEN (enseignement public) ont déposé un préavis de grève et ont appelé à se mobiliser contre cette réforme le 18 octobre 2022. Plus de 900 enseignants ont manifesté sur l’ensemble de la Bretagne.

Devant les grilles de la préfecture de Vannes, une militante du SGEN CFDT regrette que « des annonces soient faites alors que les discussions viennent à peine de s’ouvrir. C’est comme si les conclusions étaient décidées à l’avance, c’est un refus de dialogue social. »

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Les enseignants en lycée professionnel devant l'inspection académique de Rennes (à gauche), devant l'hôtel de ville de Vannes (à droite)

 

Formater des citoyens de seconde zone

Parmi les mesures qui inquiètent, l’augmentation de 50% de la durée de stage en entreprise des lycéens dès la rentrée 2023 figure en première place. L’objectif affiché par le Gouvernement est de dispenser des formations mieux adaptées aux besoins du monde du travail. « Pour nous, c’est une ligne rouge ! », assure Olivier Schouten devant le rectorat de l’académie de Rennes. « En clair, cela veut dire une réduction des heures d’enseignement général en français, maths, histoire-géo… Et donc laisser les élèves à des entreprises qui vont les formater », poursuit le secrétaire général du syndicat FEP d’Ille-et-Vilaine.

Pour la CFDT qui compte l’émancipation en valeur-phare, la mesure est inacceptable. Alors que la manifestation rennaise longe la rive de la Vilaine, une enseignante s’insurge : « cela revient à considérer les jeunes en filière professionnelle comme des citoyens de seconde zone ! Sans esprit critique et corvéables à merci par les entreprises. »

Parmi les mesures envisagées, on trouve aussi la suppression des formations qui ne s’insèrent pas sur leur bassin d’emploi. Une absurdité pour la FEP CFDT : « ça ne laisse aucune perspective d’évolution de carrière, alors que l’on sait que les individus changent plusieurs fois de métier dans leur parcours. De plus, les bassins d’emplois évoluent et ne restent pas figés. »

 

 

Vers l'ubérisation de l'enseignement professionnel ?

Pour les enseignants, la réforme ouvre un autre sujet : celui de la perte de postes. « Moins d’heures d’enseignement général, ce sont forcément des postes d’enseignants en moins » s’inquiète une militante. C’est tout le modèle de l’enseignement professionnel qui est remis en cause par cette réforme. « On suppose que le statut de professeur en lycée professionnel (PLP) est menacé » pointe Olivier Schouten, « on veut en faire des formateurs en contrat de droit privé, bref on va tout droit vers l’ubérisation de l’enseignement professionnel ».

La CFDT revendique le retrait de cette réforme, une reconnaissance de l’ensemble des missions assurées par les professeurs en lycée professionnel et une amélioration du fonctionnement des stages en entreprise plutôt qu’une augmentation de leur durée. Enfin, les syndicats SGEN et FEP demandent des moyens humains et financiers pour un enseignement de qualité envers les élèves.

« Une délégation CFDT a été reçue par le cabinet du ministère, pour l’instant les signaux semblent un peu plus positifs. Maintenant, on ne va pas se laisser balader et on est bien décidé à se faire entendre et obtenir gain de cause. »

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Olivier Schouten, au centre avec le drapeau CFDT, secrétaire général du syndicat Fep d'Ille et Vilaine