Rentrée scolaire : le personnel enseignant sous haute tension en Bretagne

Publié le 01/09/2022

Manque d’enseignants, recours aux contractuels, affectations et niveaux des classes non communiqués, stagiaires sans tuteurs… À quelques jours de la rentrée, les syndicats bretons de l'Education nationale Sgen et FEP, apportaient soutien et conseils aux enseignants face à une organisation quelque peu chaotique. Nous avons suivi l'action du Sgen le 29 août. Pour l’académie de Rennes, le manque de personnel et la perte d’attractivité se font sentir. 

« Cette rentrée sera comparable à celle de l'année dernière, avec un prof devant chaque classe et un faible taux de contractuels » déclarait jeudi 25 août le ministre de l’Éducation et de la Jeunesse, Pap Ndiaye. Pourtant, la situation est loin d’être aussi reluisante pour le syndicat Sgen CFDT Bretagne. Elle serait compliquée voire chaotique parfois selon Luc Grimonprez, secrétaire général du syndicat.

En Ille-et-Vilaine, les titulaires de remplacement chargés des compléments de service ne savaient toujours pas où ils seraient nommés à 2 jours de la rentrée. « C’est notamment mon cas, témoigne Luc, et pourtant je suis plutôt privilégié car j’ai des collègues qui travaillent quatre journées dans quatre établissements avec quatre niveaux différents qui n’ont aucune information. »
De nombreux AESH sont également en attente de leur affectation.

De même, le 29 août se tenait la réunion de rentrée des enseignants stagiaires sur l’ensemble de la Bretagne. Les militants du Sgen étaient présents. « Ils ont beaucoup d’inquiétudes, on se rend compte qu’ils n’ont pas encore de tuteur, qu’ils ne connaissent pas le niveau de leurs classes… » explique Adeline, militante CFDT. « C’est là qu’on se sent utile pour les rassurer et les accompagner, mais c’est assez inquiétant que des stagiaires sans expérience, qui n’ont pas pu préparer des cours soient lâchés de cette sorte par l’administration. »

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Les militantes du Sgen Bretagne accueillant les stagiaires à l'INSPE de Rennes

Vers une pénurie d’enseignant en Bretagne ?

On est loin des conditions idéales pour une préparation de rentrée. Le blâme ne doit pas se porter sur le personnel administratif qui souffre aussi de la situation. « Les services manquent de personnel, et les informations sont arrivées tardivement, les obligeant à tout traiter en 15 jours » assure le secrétaire général.

Il faut dire que le problème de l’attractivité du métier frappe partout, y compris dans notre région. « C’est un peu moins criant en Bretagne car le territoire est attractif, mais ça commence à se faire sentir significativement » indique le Sgen. Il manque notamment 57 professeurs d’EPS dans les établissements bretons. Bien qu’aucun chiffre ne soit communiqué, l’académie de Rennes devrait elle aussi avoir recours à des contractuels sur nos 4 départements. « Nous avions reçu une première alerte en juin, avec une forme de speed-dating qui ne dit pas son nom », rappelle Luc Grimonprez. Environ 3000 contractuels ont été recrutés pour la rentrée 2022 en France, avec une (très) courte période de formation.

« Ce n’est pas le tout d’embaucher des contractuels, il faut les former correctement et leur donner la possibilité de devenir titulaire, et pas uniquement par le concours. On ne peut pas contractualiser la fonction publique… », souligne Adeline. « Et surtout, être contractuel, c’est être extrêmement précaire ! » Cette arrivée massive des contractuels suscite des tensions. Les postes les plus attractifs ont été réservés à destination des contractuels avant la nomination des titulaires de zones de remplacement (TZR). « L’attractivité du métier est une vraie question, mais il y a de quoi s’interroger sur le statut et l’intérêt de passer le concours » commente le secrétaire du syndicat.

 

Des annonces du ministre qui ne convainquent pas

« Aucun enseignant ne débutera sa carrière sous 2000 euros nets mensuels » à l’horizon 2023 promettait le Président de la République. Ce à quoi Luc réagit : « la question de la revalorisation ne peut pas concerner uniquement les entrants dans la carrière. L’attractivité est importante, mais il faut revaloriser toute la grille ! » Le Sgen CFDT demande depuis plusieurs années un plan pluriannuel de revalorisations salariales pour en finir avec le « coup par coup ».

Également militante, Emmanuelle a vite déchanté : « quand j’ai entendu cette annonce, je me suis dit que c’était une bonne chose, puis très rapidement avec les collègues, on s’est dit que ce n’était pas le fond du problème. » Pour elle, le problème se situe principalement dans les conditions de travail difficiles et dans le manque d’écoute et de considération du ministère.

Dernier point d’alerte, la question de la formation. Le ministre Pap Ndiaye, souhaite discuter de la possibilité de recruter les professeurs des écoles au niveau Bac +3 plutôt que Bac +5 comme c’est le cas actuellement depuis 2008. « Il me semble que laisser supposer qu’être professeur des écoles serait moins compliqué qu’un métier de professeur des collèges ou des lycées et aurait donc besoin de moins de temps de formation n’est pas quelque chose qui va dans le sens de la revalorisation du métier » regrettent les militants du Sgen. De même, la formation en seulement 4 jours des 3000 contractuels avant leur prise de fonction dans les classes laisse songeur…

Le Sgen CFDT porte plutôt l’idée d’un corps unique des enseignants où l’ensemble des professeurs de la maternelle à l’université sont recrutés et formés selon les mêmes schémas de formation, même si il y a des spécificités propres à chaque degré .

 

La rentrée à pied ?

Pour savoir s’« il y a un prof devant chaque classe » pour cette rentrée, encore faut-il que les élèves puissent se rendre dans leur établissement. Il manque toujours 550 conducteurs de cars scolaires en Bretagne. Si les mandatés CFDT siégeant au CESER ont approuvé la proposition de la région d’une charte entérinant l’octroi d’une prime jusqu’à 150 € brut par mois et l’accès au 13ème mois sans condition d’ancienneté pour les conducteurs, celle-ci n’est pas encore effective. La CFDT Transports porte depuis de nombreuses années des propositions pour redonner de l’attractivité au métier