Salariés du Transport en grève : un coup de semonce avant la rentrée !

Il est six heures du matin. Sous l’air frais matinal, militants et salariés se préparent à prendre la route pour mettre en place un barrage filtrant sur la N157 entre Rennes et Laval. Gilet orange sur le dos, Frédéric Rexand, secrétaire général du syndicat Transport Bretagne, se tient à l’avant du barrage avec une partie des militants. « Ce type d’action ne se fait pas de gaieté de cœur, nous voulons faire entendre le ras-le-bol des salariés, mais surtout leur inquiétude ! » indique t’il. Au total, plus d’une centaine de salariés ont répondu à l’appel de la CFDT. Le barrage filtrant s’étant rapidement figé, un bouchon de près de 18km s’est formé à partir de 7h30. 

2 centimes au-dessus du Smic après 30 ans de boîte 

Les revalorisations salariales entérinées lors des négociations annuelles obligatoires de février 2022 sont d’ores et déjà rattrapées, voire dépassées par le Smic. Pour le secteur du Transport Logistique, la CFDT a signé un accord de branche après 3 mois de négociation avec une revalorisation des salaires de 6%. Pour le secteur des marchandises, les représentants des employeurs restent bloqués sur une revalorisation de 3%. Trois mois plus tard, tout est à refaire. L’augmentation automatique du Smic de 2,65% au 1er mai 2022 pour faire face à l’inflation rend les accords de février obsolètes. 

« L’augmentation du 1er mai fixe le montant horaire brut du Smic à 10,85 €. Les premiers échelons des grilles de salaires du secteur du Transport sont fixés à 10,87 € » déplore Frédéric Rexand. « Aujourd’hui, les salariés ont peur pour l’avenir ! » Ces travailleurs font partie des secondes lignes qui ont joué un rôle vital pour la vie économique du pays lors de la crise Covid. Leur demande de reconnaissance n’a toujours pas été honorée. 

La région Bretagne investit 10 millions d’euros pour les transports scolaires 

Entre salaires faibles et conditions de travail difficiles, le secteur du Transport est en forte tension. En France, 80 000 emplois ne sont pas pourvus dans le Transport de marchandise et logistique, dont 16 000 emplois de conducteurs. « Pour la Bretagne, il manque 6000 conducteurs tous secteurs confondus » précise le syndicat Transport Bretagne. 

Parmi ces emplois vacants se trouvent 550 postes de chauffeurs de cars scolaires sur le territoire breton, une situation critique pour la rentrée de septembre. Pour faire face à cette pénurie, la région Bretagne a investi 10 millions d’euros sur 3 ans pour rendre le métier plus attractif. Siégeant au Conseil économique, social et environnemental régional (CESER), la CFDT a approuvé cette intervention de la région dans le dialogue social de la filière. « Il en va de la qualité du service public. Toutefois, il faudra réfléchir à des modes de ramassages alternatifs afin que chaque localité de notre région puisse disposer demain d’un bouquet de mobilités accessible à toutes et à tous » signale Jacques Uguen, représentant CFDT. 

Le dialogue social reste ouvert et constructif 

Ces problèmes de recrutement et de perte de pouvoir d’achat ne pourront être réglés qu’à travers un dialogue social de qualité et des politiques volontaristes de la part des employeurs. « Depuis 2014, nous avons contribué à la création d’un label qui élèverait le niveau social des entreprises du secteur des transports avec des engagements généraux et des dispositifs particuliers » pointe Frédérique Rexand. « Ce label est présent dans plusieurs entreprises en Bretagne et a fait ses preuves. » 

En effet, la porte n’est pas fermée face aux revendications des grévistes. La filière du transport logistique a programmé un premier rendez-vous le 5 juillet avec les représentants syndicaux. Pour le syndicat, cette action du 27 juin est « un coup de semonce » afin de rouvrir le dialogue. Si aucune avancée n’a lieu d’ici la rentrée de septembre, la CFDT envisage de reconduire des mouvements de grève.

Frédéric Rexand, au centre, secrétaire général du syndicat CFDT Transport Bretagne