Pacte du Pouvoir de Vivre : quels résultats pour les Côtes d’Armor ?

Publié le 28/01/2021

Alors que l’initiative du Pacte du Pouvoir de Vivre est sur le point de fêter ses deux ans, la CFDT Bretagne souhaite mettre en lumière le travail réalisé par l’Union Départementale des Côtes d’Armor dans le cadre de ce Pacte.

La constitution du groupe 

Le PPV 22 a démarré au début du mois de mars 2020 à l'initiative de la CFDT 22 avec 7 organisations (APF France Handicap, la CSF, la CIMADE, le Secours Catholique, le CCFD, la Mutualité Française et la CFDT). Très vite ATD-Quart Monde et les Compagnons Bâtisseurs nous ont rejoint ainsi qu’Habitat et Humanisme tout récemment. Nous avons aussi le soutien d'Emmaüs 22 et de Vivarmor. 

Nous avons commencé par faire connaissance entre organisations et décidé que lors de chaque réunion une organisation présenterait son activité aux autres. D’emblée, les participants ont apprécié la qualité des échanges et l’enrichissement mutuel qu’ils apportaient à chacun des partenaires de ce collectif. Chaque organisation a ses propres finalités, ses propres domaines d’intervention, ses pratiques qui lui ont permis de développer des compétences spécifiques. Cette diversité ne nuit pas, bien au contraire car il est évident que nous partageons fortement des valeurs communes de solidarité, de tolérance, de refus de la discrimination et de la volonté de réduire les inégalités. Le soutien que chaque organisation apporte aux objectifs et aux propositions du Pacte du Pouvoir de Vivre, au niveau national comme au niveau local, en témoigne. 

 

Notre fonction de relai des propositions nationales auprès de la presse locale et des élus 

Au mois de mars 2020, nous avions l'intention de nous adresser aux futures équipes municipales. Mais la crise du COVID a interrompu le processus. Cependant, par la suite, nous nous sommes adressés aux maires nouvellement élus en leur soumettant les 10 mesures que le PPV avait mis en exergue pour les municipales. D'ores et déjà les mairies de St-Brieuc et de Lamballe ont répondu et des délégations PPV 22 auront prochainement des entretiens avec des élus. 

rencontre ppv22 et une élue de St Brieuc

 

Nous avons aussi interpellé le préfet du 22 que nous avons rencontré en visio le 3 juin pour lui présenter "les 15 mesures indispensables pour la fin du confinement" (ce n'était que la 1ère vague ... ). Chaque organisation présente dans la délégation présentait une ou deux mesures en s’appuyant sur son expérience et ses observations de terrain. 

Il s’agissait, à la fois, de nous faire reconnaître comme acteur de la vie sociale locale et aussi d’exercer notre fonction de relai des propositions nationales. Nous avons essayé autant que possible de communiquer sur la presse locale notamment après cette audience. 

Plus récemment, nous avons adressé aux 5 députés des Côtes d’Armor un courrier relatif au plan de relance en nous appuyant sur le document national. Nous avons reçu 2 réponses et obtenu un entretien en visio avec Yannick Kerlogot, député de Guingamp. 

Comme convenu, nous avons échangé à propos du plan de relance 2021. Nous avons principalement évoqué les mesures sociales déjà prises ou à venir et insisté sur notre préférence pour des mesures suffisamment substantielles et structurelles (augmentation du RSA, RSA jeunes, ...) plus susceptibles de répondre aux besoins des personnes en situation de précarité : les reconnaître comme des citoyens à part entière, les restaurer dans leur dignité et les accompagner dans leur réinsertion sociale et professionnelle. 

Yann Kerlogot s’est montré réceptif sans cacher son attachement au discours majoritaire sur la valeur travail et son inquiétude de la dépendance d'une partie de la population à l'assistanat. Il a rappelé toute une série de mesures sociales prises lors de cette législature. Il a laissé entendre qu’au sein de son groupe parlementaire majoritaire, la réflexion évoluait sur la notion d’un revenu minimum obligatoire supérieur au RSA et sur le fait d’attribuer une allocation aux jeunes de moins de 25 ans sans ressources. 

Divers sujets ont été abordés : leTZCLD, l'accès aux soins et la santé des plus précaires, l'aide au logement et à la rénovation énergétique ; la question des conditions apportées aux aides aux entreprises (baisse des impôts sur la production), et il nous a assuré que ces aides sont assorties de réelles conditions sociales et écologiques. 

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Yann Kerlogot nous a invités à lui faire part des difficultés éventuelles de mise en place de dispositions destinées à améliorer la situation des plus précaires et des dysfonctionnements ou des carences que nous pouvions observer sur le terrain (notamment la prime à la rénovation énergétique). Nous revenons vers lui avec des propositions ou des observations par rapport à la mise en place du plan de relance en lui demandant de se positionner clairement. 

En bref, le sentiment d'un dialogue non dénué de sincérité de la part du seul député qui a accepté de nous recevoir, et en même temps la difficulté pour lui à prendre toute la mesure des difficultés vécues sur le terrain et à en tirer les conséquences par des réformes profondes. 

 

La prise en charge d’un dossier local 

En plus de notre fonction de relai des propositions nationales comme évoqué plus haut, nous avons souhaité nous attaquer à un dossier concret qui est un indicateur important en matière de précarité : les problèmes de logement. Nous constituons une documentation. Nous nous sommes réparti les tâches et nous rencontrons différents acteurs de ce dossier dans le département. Nous avons identifié cinq questions sur lesquelles nous souhaitons travailler et si possible progresser : 

  • le manque de petits logements avec des loyers abordables
  • les logements vacants et la question de l'expropriation
  • les abus dans les relations bailleurs sociaux - locataires de logements sociaux et propriétaires privés - locataires
  • les délais pour adapter des logements aux besoins des occupants
  • l'accompagnement social pour traiter plus humainement les questions relatives au logement

 

Bilan et perspectives  

Le contexte sanitaire a pesé sur notre fonctionnement en nous contraignant notamment à des réunions ou des démarches en visio. Nous avons cependant réussi à maintenir la cohésion de notre groupe et nous avons des contacts prometteurs avec des organisations susceptibles de nous rejoindre. L’UNVSTI (*) vient de nous donner son accord et participera aux prochaines réunions. Un rendez-vous est pris aussi avec Les Petits Débrouillards. La constitution d’autres groupes dans le département comme cela a été envisagé un moment à Guingamp et Lannion serait un atout supplémentaire pour notre crédibilité. Si des adhérents CFDT du 22 sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas à se faire connaître auprès de l’UD. 

En tant que militants CFDT, la participation à ce groupe nous permet d’aborder des questions qui impactent directement les conditions de vie en lien ou non avec les conditions de travail. On pourrait nous reprocher de nous éloigner des objectifs syndicaux. Il n’en est rien. Nous avons le sentiment que les préoccupations du Pacte du Pouvoir de vivre sont au cœur du projet solidaire de la CFDT. 

Au niveau national, les organisations du Pacte se réunissent en plénière ou en comité restreint et une coordination des groupes locaux a été mise en place. Les deux sujets d’actualité sont l’actualisation du Pacte (nouveaux membres et une situation qui a fortement évolué depuis la crise sanitaire) et la rédaction de propositions nationales (à partir des remontées locales) à l’occasion des futures élections départementales et régionales. Concernant l’actualisation du Pacte, 4 groupes de travail se sont mis en place : 

  1. Comment faire advenir plus rapidement les transitions écologiques ? 
  2.  Un emploi, un revenu juste, un logement digne pour tous, c’est possible 
  3. Comment financer notre ambition dans la justice ?
  4. Régénérer notre démocratie 

 

D’ici la fin du mois, un groupe Education Jeunesse doit se mettre en place. 

Fort des 60 organisations qui le composent, le Pacte du Pouvoir de Vivre formule des propositions qui sont le fruit des débats et des travaux collectifs menés en leur sein, au plus de près de leurs sympathisants, adhérents, militants. Elles sont la voix de plusieurs millions de personnes. 

Ce pacte vise à guider toutes les politiques publiques pour que dans chaque nouvelle loi, dans chaque nouveau décret, et à toutes les échelles, les questions sociales et écologiques soient non seulement prises en compte mais qu’elles deviennent le cœur de chaque décision politique. 

 

Nous sommes convaincus que l’implication de la CFDT dans cette initiative peut être déterminante pour qu’elle exerce une vraie influence pour une société plus juste au bénéfice de tous. 

 

 

(*) UNVSTI est une association qui compte 10 salariés sur les sites de Ginglin et Plérin dont elle gère les centres sociaux. Avec quatre pôles d’intervention : la culture urbaine, l’animation de quartier qui reste notre ADN autour de la mixité sociale, l’intergénérationnel et le vivre-ensemble.