PROTECTION SOCIALE : DES MANDATS CFDT POUR AGIR EN FAVEUR DE LA SOLIDARITÉ

Publié le 19/11/2020

À l’occasion des 75 ans de la Sécurité Sociale, l’Interpro Bretagne a souhaité interroger les mandatés CAF et CPAM pour évoquer l’engagement de la CFDT en faveur de la solidarité. Crise sanitaire, montée de la précarité, action en faveur des publics fragilisés, dans le cadre d’une interview croisée, Jean-Luc Guillart, administrateur à la CAF du Finistère, Viviane Uguen et Frédéric Tanguy, respectivement conseillère et président de la CPAM du Finistère évoquent leur mandat.

URI : Plusieurs signaux montrent une hausse inquiétante de la précarité provoquée par la crise sanitaire. Quelles actions impulsez-vous au sein des caisses pour aider les plus fragilisés ? 

V-U : Effectivement, cette crise a des impacts sur l’emploi et va certainement encore plus aggraver la situation de personnes précaires. Malheureusement, on sait que des personnes qui pourraient bénéficier de prestations ne font pas les démarches pour les obtenir, certainement par manque d’information ou d’accompagnement. La CFDT revendique et travaille sur l’accès aux droits. L’année dernière, un courrier a été adressé par la CFDT à l’ensemble des caisses pour évaluer le non-recours aux droits et mettre en place des plans d’actions.  

F-T : Pour compléter, nous avons demandé aux services de quantifier par territoire le nombre de personnes concernées et de faire connaître au conseil les moyens mis en œuvre pour les atteindre afin qu’elles puissent faire valoir leurs droits. L’objectif est qu’à chaque conseil nous suivions l’effectivité et les résultats des actions engagées.  

J-L.G : La même démarche a été faite à la CAF et nous avons eu en retour une analyse détaillée qui va constituer un bon appui pour poursuivre notre action. J’ajouterai que l’enjeu durant le confinement était de ne pas être mis de côté. Bien entendu, nous avions une pleine confiance aux services des caisses, qui ont par ailleurs fait un travail remarquable, mais nous tenions à pouvoir continuer à proposer de nouvelles actions en lien avec les services.  

URI : La solidarité est l’un des grands principes fondateurs de la Sécurité Sociale. Menez-vous des actions en ce sens ?  

V-U : Oui, je pense à une action que nous impulsons actuellement à destination des associations qui viennent en aide aux plus précaires.  

F-T : Cette action vise à dédier des fonds pour aider des assurés ou des associations à faire face aux conséquences de la Covid-19. Le financement peut concerner l’achat de masques, de gels ou d’actions de sensibilisation et de soutien à l’apprentissage des gestes barrières. À l’origine, c’est une décision qui a été votée par le conseil de la CNAM, à l’unanimité de ses membres, et que nous déclinons sur le territoire.  

V-U : Ce sont les conseillers qui siègent à la commission d’action sanitaire et sociale qui réfléchissent à sa mise en œuvre. Les membres de la commission ont demandé à ce que la recherche soit étendue à des associations de migrants, de réinsertion de prisonniers, d’étudiants étrangers. Plus la recherche sera étendue, plus nous serons sûrs de couvrir le maximum de personnes en situation de précarité.  

URI : Le décret sur la reconnaissance en maladie professionnelle des personnes contaminées par la COVID-19 est paru récemment. À sa publication, Laurent Berger a évoqué « une trahison de la parole publique » tant il sera compliqué pour les travailleurs d’obtenir cette reconnaissance. Qu’en pensez-vous ?  

V-U : Il est clair que ce texte n’est pas satisfaisant. En tant que mandaté nous serons vigilant à recenser le nombre de personnes qui ont fait des demandes de reconnaissance. Il faudra aussi s’attacher à cibler les secteurs exposés et à vérifier que les demandes de reconnaissance ont bien été faites. Il s’agira aussi de comprendre combien de dossiers aboutissent favorablement et combien sont rejetés et surtout d’analyser pourquoi ils sont rejetés. 

F-T : Ces remontées de terrain seront transmises au niveau national. Elles permettront de mieux identifier les incohérences pour faire évoluer les choses dans le bon sens.  

URI : Pour conclure, vos mandats seront renouvelés en 2022 avec une constitution des listes prévue en 2021, qu’est-ce que vous pourriez dire aux personnes qui seraient intéressées par ce type mandat ?  

V-U : C’est un mandat passionnant. Au démarrage, il peut paraitre complexe et il faut du temps pour bien assimiler les sigles, le fonctionnement de la caisse. Mais les formations qui sont organisées et le tuilage avec des mandatés plus expérimentés permettent de mieux comprendre la dimension du mandat et ce que l’on attend de nous. Je pense qu’il faut bien un an pour être à l’aise.  

J-L.G : Je rejoins Viviane. J’ajouterai aussi qu’il est important d’échanger entre mandatés sur les différents sujets et de partager ce qui se passe dans les commissions.  

V-U : Depuis la création de la Sécurité Sociale, les organisations syndicales ont une place primordiale dans la gestion quotidienne des organismes. Il est important de continuer à se battre pour maintenir cet héritage et faire évoluer la gouvernance paritaire dans le bon sens. C’est une grande satisfaction de savoir qu’on met une pierre à l’édifice et de porter les valeurs la CFDT dans les actions que nous menons.