Retraites : des records de mobilisations dans toute la Bretagne !

Publié le 23/01/2023

À déjà 3 reprises depuis le 19 janvier, la mobilisation intersyndicale a été marquée par la plus forte participation depuis plus de trente ans dans toutes les villes de Bretagne. Ce mouvement pacifique et festif rassemble des travailleurs de tous secteurs professionnels, des retraités, étudiants et lycéens. C’est le signal d’un rejet massif de cette réforme, qui traduit aussi une mutation profonde du rapport au travail.

Si une forte participation était attendue par la CFDT et les organisations syndicales le 19 janvier, elle n’en a pas moins surpris par son ampleur ! Environ 1,8 millions de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur opposition à cette réforme, dont plus de 110 000 personnes en Bretagne ! « Des chiffres de participation exceptionnels, avec une très forte participation de la CFDT », commentait Christophe Rondel, secrétaire général de la CFDT Bretagne. « Un signal que cette réforme n’est pas acceptée par les travailleuses et les travailleurs. » 

Les records de mobilisation ont été de nouveau franchi lors du second round le 31 janvier, c’est dire à quel point la mobilisation est un succès. Dans certaines villes de la région, seules les mémoires de nos militants les plus anciens parviennent à se souvenir d’un équivalent en nombre de manifestants : plus de 150 000 manifestants en Bretagne, dont 3000 à Pontivy, 10 000 à Morlaix, 3200 à Saint Malo…  « C’est la plus grosse mobilisation de notre pays depuis 1995 » souligne Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. 

Aujourd’hui encore, près de 120 000 personnes sont venues manifester en réponse à l’appel intersyndical du 7 février. 

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Le syndicat agri-agro 22, à Saint Brieuc.                                                               La CFDT en tête de cortège, à Saint-Brieuc

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Prise de parole intersyndicale à Dinan                             À droite, cortège dans les rues de Lannion.

 

Un mouvement social qui traduit un profond rejet

En Bretagne comme ailleurs, la CFDT a fait la démonstration d’une forte capacité de mobilisation. Mais ce sont aussi les travailleurs de tous les secteurs professionnels qui sont venus battre le pavé pour dire non à cette réforme. Salariés du privé ou du public, jeunes actifs, étudiants, lycéens ou retraités… c’est un mouvement intergénérationnel qui s’est formé, y compris dans les petites villes comme Redon ou Quimperlé. Cette sociologie particulière est un symbole fort de l’ampleur de la contestation. « C’est pourquoi la bataille des chiffres entre syndicats et préfectures dans les grandes villes n’a que peu d’intérêt » pointe Christophe Rondel. 

Si l’ombre de la violence inhérente au mouvement des Gilets jaunes planait sur la mobilisation syndicale, force est de constater que les manifestations se déroulent sans violence, dans une ambiance festive et familiale. Ceux qui accusent les organisations syndicales « de vouloir bordeliser le pays » ou « d’être irresponsables » se voient ainsi privé de leur principal argument. Le front syndical reste uni et déterminé, et le soutien de l’opinion ne faiblit pas. Tout semble converger vers un refus massif de cette réforme.  

Ce mouvement social laisse percevoir des mutations profondes dans le monde du travail. Ces changements dépassent de loin le seul sujet des retraites. « L’exécutif fait face à un conflit du travail post-pandémique. Un conflit du « monde d’après » confronté à une vision gouvernementale qui, elle, n’a pas changé, comme s’il ne s’était rien passé ces 3 dernières années » analyse Laurent Berger dans un entretien publié dans Les Echos. Or, le rapport au travail a considérablement évolué. Cette sociologie particulière, la forte présence des jeunes actifs et leurs nouvelles aspirations tendent à le prouver. 

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 À droite, le service d'ordre intersyndical de Rennes, en tampon devant le cortège, 19 janvier.

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À gauche, le rassemblement de Redon, le 31 janvier.    À droite, le cortège malouin, devant le port, 19 janvier.

 

"J'aime mon métier mais il faut pas abuser !"

Lorsqu’on lui pose la question du report de l’âge de départ à 64 ans, Olivier rit jaune : « c’est impossible ! Je fais beaucoup de livraisons, avec des charges, parfois dans les escaliers…Dans quel état on va finir ? Beaucoup de collègues tombent malades avant » témoigne ce solide morbihannais du syndicat des Transports. Quelques mètres plus loin, Clothilde qui travaille dans une entreprise de ménage confie avoir d’autres aspirations pour ses 64 ans : « j’aime mon métier mais il ne faut pas abuser, et comment travailler si le corps ne tient plus ? Moi je veux être peinarde avec mes enfants et profiter, il faut penser à soi. »  

Les plus jeunes ne sont pas en reste. « On travaille pour vivre, et pas l’inverse ! » affirme Léa, étudiante à Rennes 2. « C’est l’entièreté du modèle qu’il faut repenser. La retraite à 64 ans, on sera morts avant de l’avoir » plaisante-elle. « Il faut être solidaire avec les anciens qui se sont battus pour la retraite. Aujourd’hui, il faut se battre pour la garder » affirme un autre. Les pancartes fleurissent, souvent créatives, et en disent long sur la perception de cette réforme.

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Prise de parole intersyndicale à Lorient, avec Caroline Guyodo pour la CFDT. Jean-Marc Thépaut, secrétaire général de la CFDT du Morbihan, au sein du cortège à Lorient.

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Parlons Travail !

Pour autant, les manifestants sont-ils des gens qui n’aiment pas le travail, voire des feignants comme l’affirment certaines personnalités politiques ? On assite au retour de la fameuse « valeur travail » que l’on agite comme un totem dans les débats. Ce serait nier un constat flagrant : les troubles musculo-squelettiques représentent 87% des maladies professionnelles en 2020, soit 45 000 cas reconnus. « Le travail, c’est la santé. Ne rien faire, c’est la garder » chantait Henri Salvador en 1965… La pénibilité et la santé au travail restent des enjeux forts du dialogue social.  

« La CFDT porte de nombreuses propositions sur le sujet de la pénibilité » rappelle Christophe Rondel, « notamment le rétablissement des 4 critères de pénibilité qui permettent de partir plus tôt en retraite : les postures, les charges lourdes, les vibrations mécaniques et l'exposition aux agents chimiques. » Il en est de même pour l’emploi des seniors. La CFDT propose de fixer un cadre contraignant en augmentant la cotisation des entreprises qui ne jouent pas le jeu. « Une recette qui pourrait servir à combler le déficit des retraites » propose Laurent Berger. 

Si Elisabeth Borne affirmait que le recul de l’âge légal à 64 ans est non négociable, la force du mouvement de contestation l’a conduite à quelques ouvertures. Ces dernières ont été rejetées par la Confédération : « on voit bien que ce ne sont pas des rustines qui changeront un projet de loi injuste et brutal. Il faut retirer le décalage de l’âge à 64 ans et rediscuter de ce projet de réforme par le bon bout : la mutation du rapport au travail » indique Laurent Berger.  

Alors que le projet de loi est en cours d’examen devant l’Assemblée nationale, la CFDT restera mobilisée et vous donne rdv le samedi 11 février dans toute la région. 64 ans, c’est non ! 

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Rassemblement sur la place de la résistance de QUimper.             Les militants du Syndicat Construction Bois du Finistère, à Brest.

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À gauche, la CFDT présente à Morlaix.                               À droite, les militants CFDT dans le cortège de Brest.