CONFINEMENT ET ENSEIGNEMENT : LA CONTINUITE PEDAGOGIQUE IMPROVISEE

Publié le 17/04/2020

Les enseignants ont été livrés à eux-mêmes du jour au lendemain, sans formation préalable, sans directives, sans matériel. La crise a profondément bouleversé leur quotidien et mis en lumière certains dysfonctionnements.  Comment s’est organisée la continuité pédagogique ?

Hervé Floch, secrétaire départemental du SGEN-CFDT Bretagne, Marie Edith Rafflegeau SGEN-CFDT Bretagne et Flavie Poinsot Déléguée syndicale FEP-CFDT témoignent.

Qu’ils soient enseignants ou personnels administratifs, il a fallu, la veille pour le lendemain, sans préparation, sans consignes et sans formation, travailler à distance avec tous les risques que cela comporte. Pour la CFDT, ces manquements favorisent les risques psychosociaux.

 

Pour Hervé « chacun a pallié à cette situation, seul dans son coin, en réfléchissant ». Il regrette que « l’Institution ait fait le pari du système D et compté sur la conscience professionnelle des agents, une fois de plus » pour assurer la continuité pédagogique. Cette impression de devoir se débrouiller est partagée par Flavie, qui, « dans l’urgence, a récupéré les adresses mails de tous les parents, sans consignes particulières ». Puis chacun s’est retrouvé chez soi face aux contraintes techniques : l’utilisation du téléphone et de l’ordinateur personnel, l’application de classe à distance qui est saturée et pour lequel nous ne sommes pas formés, la messagerie professionnelle qui sature également, l’absence d’imprimante pour certains. Et puis cette pression que chacun s’est mis pour mener à bien sa mission dans un contexte hors normes. Très vite, Hervé a mesuré les risques psychosociaux et a communiqué auprès des enseignants pour qu’ils déculpabilisent, chacun faisant au mieux. Flavie, quant à elle, « a improvisé en donnant des consignes par mail à ses élèves de maternelles ».  

Marie-Edith précise que le manque de matériel est une difficulté partagée par les familles, pour une de ses élèves, le seul outil de la famille est un téléphone portable. Elle déplore l’absence de plan informatique dans l’Education Nationale. Le manque de procédure et de formation s’est révélé très pénalisant.

 

Et l’accueil des enfants du personnel soignant ? Pour Flavie comme pour Hervé, même si des mesures barrières sont mises en place, la distanciation sociale avec de jeunes enfants est impossible. La pénurie de matériel s’est ressentie, Flavie a pu compter sur la solidarité d’une maman qui a fourni l’école en gants et masques, ailleurs c’est plus aléatoire.

 

Mais Marie-Edith retient un aspect positif : « notre travail est devenu visible, les parents ont pris conscience de la réalité de notre métier et de notre investissement, ils nous sollicitent ».

Cette réhabilitation est une bonne chose pour une profession souvent victime de clichés.