Rencontre avec Christiane Fitamant, présidente du CIDFF 29 : un appel aux dons en acte 2 des ateliers de la solidarité

Publié le 20/12/2021

Valoriser l’action de nos partenaires est un engagement pris lors de notre dernier congrès. La CFDT du Finistère a souhaité démarrer une série de focus par l’interview de Christiane Fitamant, présidente du Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles du Finistère.

Le CIDFF 29, qui doit faire face à une activité décuplée liée à la libération de la parole des femmes, a un besoin urgent de soutien financier pour conduire à bien ses missions. Depuis de nombreuses années, la CFDT siège au conseil d’administration. Elle a souhaité aider l’association en lançant un appel aux dons auprès des adhérents CFDT. C’est l’acte 2 des ateliers de la solidarité initiés par la CFDT du Finistère

Christiane, avant d’évoquer les raisons qui vous conduisent à rechercher dans l’urgence des financements, peux-tu présenter le CIDFF 29 et ses missions ?

Le CIDFF 29 est le plus gros CIDFF de Bretagne avec 3 antennes à Brest, Morlaix et Quimper. Nous exerçons une mission d’intérêt général confiée par l’Etat qui vise à aider et accompagner les femmes en difficulté. Chaque femme qui sollicite l’aide du CIDFF bénéficie d’un accompagnement personnalisé, gratuit et confidentiel.

Quels sont les services que vous proposez ?

Nous accompagnons les femmes sur le volet de l’emploi et la formation. Beaucoup d’entre elles ont des difficultés à trouver un emploi lié à des problèmes de mobilité, c’est pourquoi, par exemple, nous pouvons les accompagner dans l’obtention de leur permis de conduire grâce à des partenariats que nous avons noués. Des permanences d’information juridique sont également proposées pour renseigner les personnes dans leurs démarches.

Et puis, nous menons des actions externes pour promouvoir l’égalité professionnelle dans les établissements scolaires, les centres sociaux… Et bien évidemment notre activité consiste à accompagner les femmes victimes de violences. C’est sur ce dernier volet que notre activité monte en charge. Nous gérons des accueils de jour pour écouter et accompagner les femmes victimes de violences ainsi que le Téléphone Grave Danger* et les bracelets anti-rapprochement.

La libération de la parole des femmes a décuplé l’activité du CIDFF ces deux dernières années. Peux-tu nous en dire plus ?

Nous constatons clairement une intensification des demandes d’accompagnement de victimes. Beaucoup de femmes ont besoin d’être accompagnées sur du long terme. Ce sont souvent des femmes qui ont entre 36 et 45 ans, avec de bas revenus, et il faut savoir que 13 % d’entre elles sont des personnes en situation de handicap.

Mais l’augmentation de notre activité se situe surtout au niveau de la prise en charge du Téléphone Grave Danger et des bracelets anti-rapprochement. A titre d’exemple, en 2019, 14 femmes ont bénéficié de ce dispositif, en 2020 elles étaient 26 et en 2021 nous en sommes à 47 ! Ce dispositif sauve des vies mais c’est une grosse responsabilité qui implique une grande réactivité. On ne peut pas se permettre de rater un mail !

Cette augmentation de l’activité fait que vous avez besoin d’un soutien financier ?

Oui, nous avons un gros problème de trésorerie lié aux versements tardifs des subventions. Les délais importants entre la constitution des dossiers et les versements des aides, presque deux ans pour certaines subventions, font, qu’à plusieurs reprises, nous devons dû aller chercher en urgence des soutiens financiers. Aujourd’hui nous sommes dans une situation difficile qui ne nous permet pas de conduire nos projets sereinement.

Peux-tu évoquer les projets que vous souhaitez conduire ?

Nous avons des projets pour améliorer la prise en charge des victimes. Aujourd’hui, les violences psychologiques sont insuffisamment détectées. Si elles ne sont pas bien prises en charge, elles maintiennent les victimes en état de stress traumatique avec des résurgences qui peuvent apparaitre 20 ans plus tard. C’est pourquoi, nous avons récemment renforcé notre équipe avec deux psychologues supplémentaires, pour que des consultations soient proposées dans toutes nos antennes sur le département.

Nous voulons aussi développer l’accueil de jour. Pour cela, il nous faut investir dans des appartements. Aujourd’hui, nous disposons d’un accueil uniquement à Quimper mais nous souhaitons étendre ces accueils à Brest et Morlaix pour permettre à ces femmes d’avoir accès à des repas, à une douche, de pouvoir laver leur linge. Pour tous ces projets, il nous faut des fonds et je remercie d’avance les personnes qui accepteront de soutenir financièrement l’action du CIDFF.

*Le Téléphone Grave Danger est délivré sur décision du Procureur de la République, après une évaluation faite par une association. Il s’agit d’un téléphone portable disposant d’une touche dédiée permettant à la victime de joindre le service de téléassistance, accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Cette mesure de protection a vocation à prévenir les nouvelles violences que pourrait subir la victime du fait de son ex-partenaire.

Pour aller plus loin