L'homophobie au coeur d'une rencontre avec les militants CFDT

Publié le 08/06/2015

Mercredi 27 mai, une vingtaine de personnes ont répondu à l’invitation de la CFDT d’Ille et Vilaine pour venir échanger sur la thématique de l’homophobie au travail avec Ommar Benfaïd, secrétaire confédéral et Eric Maniscalco responsable de l’antenne bretonne de l’association «l’Autre cercle ». A noter la présence d’Hind Saoud, conseillère régionale, venue participer au débat au titre de ses responsabilités politiques.

L’exposé liminaire d’Eric Maniscalco de l'association l'Autre Cercle permettait de pointer la difficulté particulière que l’on rencontre dès qu’on veut examiner la réalité de l’homophobie dans le contexte professionnel. Le plus souvent, cette dimension est niée au prétexte qu’il s’agirait là d’une problématique relevant de la seule sphère privée. Les mentalités ont évolué vers plus d’acceptation de la différence dans cette sphère privée mais il n’en va pas de même sur le lieu de travail et la première expression de cette différence, c’est bien le postulat que le problème n’existe pas dans l’entreprise ou l’administration. Or la personne qui vit une différence à la norme le plus courante vit cette différence à chaque instant de sa vie et des exemples l’ont bien montré :

• Dans les discussions sur le lieu de travail, chacun fait régulièrement référence à sa vie personnelle, comment l’aborder quand elle est différente et qu’on n’a pas envie de s’exposer à des réactions négatives ?
• Comment assumer sa différence quand on pressent clairement qu’elle aura une incidence sur le périmètre des responsabilités auxquelles on pourra accéder, sur le déroulement de sa carrière ?
• Comment conserver une image de soi satisfaisante tout en subissant les propos déplacés ou certaines formes d’humour qui peuvent être autant de d’agressions, même involontaires ?


Des chiffres cités par le responsable de l’Autre cercle soulignent l’ampleur du problème :
80% des DRH (parmi un panel indifférencié du point vue des préférences sexuelles) disent qu’il est compliqué de vivre son homosexualité dans l’entreprise et la même enquête nous dit que lorsque des comportements inappropriés sont relevés, dans 92% des cas c’est sans suite aucune pour l’auteur des faits …

Il faut donc prendre conscience des progrès à faire dans les comportements et les mentalités. Reste à savoir comment s’y prendre ? Des participants disent la difficulté qu’ils éprouvent pour intervenir sur cette question dans l’entreprise. Ils expriment le besoin de formation, d’outils …
Mais l’échange montre bien que l’homophobie est un thème qui est plus complexe à traiter que bien d’autres parce qu’il touche à la sensibilité de chacun et qu’il ne suffit donc pas d’édicter des règles, il faut convaincre ! L’action juridique notamment montre ses limites, pas seulement parce que la preuve est difficile à faire mais aussi parce que l’expérience indique qu’il faut souvent prendre du temps pour traiter en profondeur la difficulté rencontrée et donc parfois savoir ne pas se précipiter dans l’action.

Le maître mot d’une action efficace, c’est l’écoute. Elle est à la fois un préalable à toute autre forme d’action et déjà en elle-même une façon de surmonter les difficultés.
C’est dans cette perspective que l’association « Autre cercle » propose une charte aux entreprises qui désirent prendre en charge la question. Elle propose aussi une BD et une expo à ceux qui désirent communiquer pour ouvrir le débat.

L’échange l’a montré, c’est aussi une question syndicale, comme le sont toutes les discriminations. Des progrès considérables ont été faits depuis 15 ans mais il reste beaucoup à faire dans les entreprises, dans les syndicats et y compris dans nos propres rangs. Pour y parvenir, il faut trouver la bonne entrée dans le débat et travailler en partenariat entre syndicat et association. L’initiative sera donc à prolonger et elle le sera déjà le 6 juin par l’appel et la participation de la CFDT à la marche des fiertés.