Les syndicats, les porte-voix de la démocratie

Publié le 01/06/2016

« Raconter la vraie vie pour une vraie démocratie », c’était le thème de la table ronde organisée par l’Union départementale CFDT le 21 mai dernier avec, entre autres invités, l’historien et sociologue Pierre Rosanvallon. Et un sujet pour l’illustrer : les conditions de travail dans les abattoirs.

Les photos défilent sur le grand écran de l’auditorium de la maison des associations : des ouvriers, charlotte sur la tête découpant des pièces de viande, des carcasses désossées bringuebalées le long d’une chaîne d’abattage, des sourires au moment de la pause… Les conditions de travail des salariés des abattoirs étaient au cœur des discussions d’une table ronde organisée par l’Union départementale CFDT 35 le samedi 21 mai. « Lors de notre récent congrès nous avons affiché notre volonté de favoriser les débats sur des sujets de société, souligne Patrice Forgeau, le secrétaire général départemental. Entre adhérents bien sûr mais pas seulement ».

La récente publication du livre d’un militant CFDT de l’abattoir de Liffré a permis d’ouvrir un cycle appelé à s’étoffer. « Quand je suis entré pour la première fois dans l’abattoir il y a 26 ans, j’ai été pris par l’odeur et le bruit, se rappelle Stéphane Geffroy auteur de A l’abattoir devant la cinquantaine de participants à ce premier rendez-vous. Il y avait beaucoup de sueurs d’hommes, de maladies professionnelles et d’accidents du travail. » Doucement, Stéphane évoque son engagement syndical (« J’avais l’habitude de subir sans broncher, là j’ai cessé d’appartenir au monde des muets »), ses premières victoires pour alléger la pénibilité de ses collègues en obtenant la modification des postes de travail mais aussi les moments de franche rigolade qui lui ont permis de tenir le coup. C’est tout ce quotidien que Pierre Rosanvallon a souhaité mettre en valeur en publiant son témoignage aux éditions du Seuil.

Entendre la réalité des salariés

« Stéphane fait partie de ces invisibles qu’il faut mettre en lumière, insiste le sociologue présent à ses côtés sur l’estrade. Tous ces gens qui se sentent incompris, oubliés, pas représentés. C’est ce mal qui ronge notre démocratie. Pour la faire vivre, il ne suffit pas que des électeurs mettent un bulletin dans une urne ». Il faut surtout que les uns et les autres se sentent associés à la marche du monde qui les entoure. D’où l’importance sans doute encore plus forte aujourd’hui du rôle que doivent jouer les organisations syndicales. « Les entreprises ont souvent été considérées comme des lieux où la démocratie pouvait être mise entre parenthèses », constate Pierre Rosanvallon.

« Quand on prend des décisions, il faut tenir compte de la réalité de ce que vivent les salariés, souligne Jean-Pierre Delalande, délégué central de la SVA depuis 2001. Quand j’entends qu’il faut travailler jusqu’à 65 ans alors que nos gars sont cassés à 45, ça me fait mal ». Même réaction dans la bouche d’un conseiller du salarié présent dans le public : « quand il n’y a pas de représentants du personnel dans une entreprise, le salarié se trouve souvent seul face à son patron. » Difficile dans ces conditions de faire entendre sa voix. Sauf, au minimum, dans un isoloir. Les élections TPE se profilent…