La Fep-CFDT refuse le nouveau brevet et la classe prépa seconde
Le « choc des savoirs » va mettre en place un nouveau DNB (Diplôme national du brevet) et instituer des classes préparatoires à la seconde. Cela va stigmatiser les élèves. La Fep-CFDT s’y oppose.
Un retour « à l’ancienne » pour le brevet
Les nouvelles modalités pour le brevet seront effectives à la rentrée 2024 pour la session 2025. C’est un retour en arrière qui remet la note sur le devant de la scène. Le contrôle continu du DNB ne sera plus basé sur les compétences, mais sur la moyenne chiffrée de toutes les disciplines. Les épreuves terminales représenteront non plus 40%, mais 60% du total de la note. Enfin, il faudra obligatoirement réussir le brevet pour valider le passage en seconde.
Paradoxalement, le nombre d’élève qui n’obtiendra pas son brevet risque de s’accroître du fait, non seulement du contrôle continu qui prendra la forme d’une moyenne, mais aussi de la part grandissante du poids des épreuves terminales. L’élève ayant échoué et désireux d’entrer en seconde sous statut scolaire se verra orienté en classe préparatoire à la classe de seconde dans un lycée. Ce dispositif exclut les élèves allant en CAP, en apprentissage ou dans le hors contrat.
La classe préparatoire à la classe de seconde
Ce système sera effectif, probablement dans le seul public, à la rentrée 2024, à titre « préfigurateur », et uniquement pour les élèves volontaires, à hauteur d’au moins une classe par département pour l’enseignement général et technologique, ainsi que pour la voie professionnelle. Concernant l’enseignement agricole, ce sera une classe par région. Ce dispositif se généralisera à la rentrée 2025. Un nouveau cycle sera instauré au lycée : « le cycle préparatoire à la classe de seconde ».
L’élève ira donc dans la classe préparatoire du lycée dans lequel il aurait dû être affecté pour son orientation. Celle-ci sera préservée l’année suivante, même si un changement reste possible sur demande et après avis du conseil de classe.
Le volume horaire des enseignements ne pourra excéder 972 heures annuelles et 27 heures hebdomadaires. Ils visent à consolider les savoirs fondamentaux en mathématiques et en français avec trois heures hebdomadaires pour chacun, ainsi qu’à préparer à la classe de seconde avec l’histoire-géographie-EMC, les sciences et technologies, les langues vivantes, l’enseignement artistique et l’EPS. Le renforcement méthodologique et la découverte des métiers et des formations constituent plus du tiers du volume horaire global.
L’élève ne pourra effectuer qu’une seule fois la classe prépa seconde, sans devoir repasser le brevet. Une attestation de fin de cycle préparatoire à la classe de seconde sera remise à chaque élève en fin d’année scolaire. En effet, l’objectif ne sera pas de repasser le brevet mais de rejoindre la seconde que l’élève aura souhaitée.
Une mise en œuvre qui interroge
Le retour des notes pour le contrôle continue du DNB remet en cause le travail par compétences qui, paradoxalement, reste la norme. Le projet du nouveau socle n’a d’ailleurs toujours pas été soumis alors même que de nouveaux programmes sont en cours de rédaction. Doit-on y voir une remise en cause des compétences ?
Concernant les classes préparatoires à la classe seconde, des freins pratiques émergent. Ils se concentrent sur le bâti. En effet, tous les lycées ne pourront pas matériellement recevoir une classe supplémentaire, faute de place. Dans ce cas, l’élève ira dans le lycée le plus proche et des marges d’autonomie concernant les cours apparaitront. Mais se mettront-elles en place pour les besoins des élèves ou pour ajuster les services des enseignants ? D’ailleurs, se pose aussi la question de l’attractivité de ces classes pour les professeurs ainsi que l’efficacité d’un tel dispositif qui regroupe des élèves se sachant tous en échec, ou tout au moins vus ainsi par les élèves des autres classes.
Regrouper des jeunes en fonction de leurs difficultés génère une atteinte à leur estime de soi et une stigmatisation vis-à-vis des autres. Concrètement, la mise en place sera compliquée car il n’y aura pas partout la place pour accueillir une classe supplémentaire. Ce dispositif va être très gourmand en heures pour une efficacité et un intérêt très relatif. Pour la Fep-CFDT, il aurait mieux valu utiliser ces moyens pour réduire le nombre d’élèves par classe et mieux les accompagner, dans les années précédentes comme au lycée.
Pour aller plus loin :
- Article "Labellisation et méthodes imposées" : ICI
- Vidéo Fep/SGEN "Labellisation et méthodes imposées" : ICI
- Article "DNB et Classe prépa seconde" : ICI
- Vidéo Fep/SGEN "DNB et Classe prépa seconde" : ICI
- Article "Groupes de niveaux" : ICI
- Vidéo Fep/SGEN "groupes de niveaux" : ICI
