Carrefour : Une mobilisation nationale le week-end de Pâques

Publié le 29/04/2021

140 sections de la CFDT Carrefour étaient en mouvement les 2 et 3 Avril derniers, une mobilisation très médiatisée. Les magasins bretons y participaient avec des actions sur Saint-Malo, Langueux, Brest, Vannes, Quimper et les 2 magasins Rennais. Origine de ce mouvement, les NAO (négociations annuelles obligatoires portant entre autres sur les salaires) et surtout un dialogue social de plus en plus compliqué…

Carrefour est le 1er employeur privé de France avec 110 000 salariés et l’un des plus grands acteurs de la grande distribution dans le monde. Alexandre Bompard, PDG de l’entreprise, a présenté début 2018 le « plan de transformation Carrefour 2022 » ; un plan stratégique et surtout d’économie portant donc sur 5 ans, qui inquiète la CFDT au plus haut point tant nous pouvons déjà en mesurer les impacts négatifs d’un point de vue social.

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Les principaux points de friction sur les suivants :

  • La mise en location gérance : Ce sont cette année 3 487 de nos collègues issus de 47 magasins, dont 10 Hypermarchés qui vont basculés dans ce mode de gestion qui permet à Carrefour de se libérer de sa responsabilité d’employeur. Ce que nous considérons comme un PSE déguisé, permet en effet à Carrefour de diminuer facilement sa masse salariale et de rentrer dans son plan d’économie à court terme. Les conséquences pour les employés sont terribles ; après 15 mois de continuité des droits, ceux-ci perdent intéressement, participation, 6ème semaine de repos, etc… En gros jusqu’à 2000€ !

Le repreneur en profite également très souvent pour tailler dans les effectifs, comme à Lorient ou Paimpol déjà passés sous ce format.

Les salariés Carrefour sont inquiets devant ce démantèlement de l’entreprise, aucun magasin n’est à l’abri de faire partie de la prochaine vague.

 

  • L’emploi : Carrefour s’est délesté de 12 000 salariés sur les 5 dernières années, notamment dans le cadre d’une RCC (rupture conventionnelle collective). Les conséquences en magasin sont importantes en terme de charge de travail et de conditions de travail pour le personnel restant, celui-ci souffrant aussi bien physiquement que moralement. Quelques embauches ponctuelles en CDD ont bien été faites, mais non renouvelées à fin février dans la quasi-totalité des entités Carrefour. L’enseigne a en effet changé sa politique d’embauche en misant sur les jeunes, mais en ne se penchant que sur le côté financier de l’ « aide exceptionnelle au recrutement des alternants en contrat de professionnalisation de moins de 30 ans » permise par le gouvernement depuis le 1er Juillet 2020, malheureusement, ils ne sont pratiquement jamais embauchés à la fin de leur alternance.

 

  • La reconnaissance des « salariés de deuxième ligne » : Les salariés de la grande distribution sont en fait en 1ère ligne depuis le 1er confinement et toujours présents en magasin au milieu de la clientèle à faire chaque jour leur métier afin d’assurer l’approvisionnement de tout un pays. Le gouvernement a bien évoqué ces salariés dits de « 2ème ligne », notamment en donnant la possibilité aux employeurs de verser la prime PEPA de 1000€, mais de manière facultative, Carrefour à ce jour refuse de la donner. La CFDT réclame une vraie revalorisation des grilles salariales de tous les métiers, là aussi un engagement a été pris par le gouvernement, mais avec des négociations renvoyées à la branche et donc aucune certitude d’aboutissement… Dans le même temps, Carrefour, qui en 2020 a produit ses meilleurs résultats depuis 20 ans avec + 2 Milliards de bénéfices ne donnera qu’une augmentation de 0,38% sur l’année ; bien inférieure à la revalorisation du smic ou même aux prévisions d’inflation.

La direction n’a rien lâché depuis le mouvement, confortée par son syndicat majoritaire, FO, qui a signé les NAO, consentant tout juste quelques embauches ponctuelles.

Le week end de Pâques n’était donc pas une fin de mobilisation pour la Coordination CFDT Carrefour, après l’impact médiatique, l’idée est d’aller plus loin et d’axer sur le politique.

Les sujets sont nombreux et nous paraissent suffisamment importants pour être abordés par les parlementaires, tant ils sont symptomatiques des maux sociaux rencontrés dans cette période si particulière. Il est urgent d’apporter une réponse à ces salariés qui se sont mis en danger, ont adapté leurs conditions de travail et horaires face à la crise sanitaire inédite.

En ce sens, une grande campagne nationale va démarrer pour que chaque section puisse rencontrer députés et maires, afin d’aborder ces questions et trouver des solutions pour répondre au besoin de reconnaissance des salariés du 1er employeur privé de France.

La mobilisation continue !