Eurofins Bretagne : les salariés manifestent face à l'indécence de leur direction !

Publié le 18/11/2021

La section CFDT du Groupe de laboratoires d’analyses Eurofins Bretagne a appelé les salariés à manifester le 16 novembre devant le siège de l’entreprise à Châteaulin (29). Cet appel intervient après la rupture des négociations annuelles obligatoires sur la revalorisation des grilles de salaires des employés du groupe. Près de 200 salariés étaient présentdans la matinée devant l’établissement selon la gendarmerie.

Ils manifestent devant l’entreprise pour exprimer leur exaspération : une première pour beaucoup de ces salariés qui ont parfois jusqu’à 13 ans d’ancienneté ! 

« Nous demandons simplement à ce que notre salaire corresponde à notre travail », s’exclame Nelly Thébault, déléguée syndicale CFDT. Contre la revalorisation de 6% revendiquée par les salariés, la direction du groupe a proposé un taux entre 0 et 2,2% selon le niveau des postes. « Et lorsque nous avons refusé, la direction a retiré 0,5% sur toutes leurs offres ! » déclare Nelly, « face à cette proposition indécente, nous avons quitté les négociations. » 

Pourtant, le groupe qui compte 34 laboratoires dans les départements du Finistère, des Côtes-d’Armor et du Morbihan et qui emploie environ 450 salariés en a les moyens : il a réalisé un bénéfice de 8 927 693 € pour l’année 2020 selon Le Figaro Emploi. Un bénéfice réalisé grâce à l’investissement de ces salariés dit “de seconde ligne” lors de la Crise du COVID.  

« Cela représente une augmentation de 72% par rapport à l’année 2019 » souligne Nelly Thébault, « pourtant, ils nous demandent de ne pas en tenir compte ! Mais l’entreprise était pérenne bien avant 2019, elle est même côté en Bourse... » 

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Des difficultés de recrutement... et une direction qui fait l’autruche ! 

Nelly dénonce des conditions de travail difficiles : « la charge de travail est énorme, d’autant plus pour les référents qui gèrent le stock, la qualité... et qui ne trouvent aucune reconnaissance. Les journées peuvent aller jusqu’à 10h, voire 12h pour les veilleuses. » 

Depuis la hausse de 2,2% en octobre dernier, un grand nombre de salariés de l’entreprise sont rattrapés par le SMIC : plus d’une quarantaine de coursiers, les “aides Covid”, et même le 1er échelon des secrétaires. 

Dans ces conditions, difficile de recruter suffisamment de personnel. Et le taux de turn over est élevé : « on n'a même pas le temps de les former que la plupart d’entre eux claquent la porte » témoigne une salariée, « il reste une semaine ou deux, puis nous disent que c’est nous qui sommes bêtes de rester dans ces conditions. » 

La hiérarchie refuse de communiquer les chiffres du turn over et du nombre de postes à pourvoir, malgré les demandes des délégués syndicaux : « pour la direction il n’y a aucun problème de recrutement ou de turn over puisque parfois, certains restent » ironise Nelly Thébault. La déléguée confie qu’il arrive parfois des nouvelles recrues sans aucune connaissance du domaine médical. 

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Une hiérarchie sourde aux revendications des salariés 

Lors de la manifestation, la direction a rencontré la délégation CFDT pour ouvrir de nouvelles négociations. Au-delà de la revalorisation de 6% des salaires, les salariés revendiquent une grille de salaire propre à Eurofins Bretagne, une amélioration des conditions de travail et du matériel, ainsi qu’une reconnaissance pour le travail des référents. 

Le Groupe Eurofins a proposé de réaliser un audit sur les conditions de travail, de mettre en place une cellule d’écoute et d’accompagnement pour les nouveaux arrivants. De plus, la direction du Groupe propose de mettre en place une prime Covid exceptionnelle pour les 450 salariés, mais n’a proposé aucune avancée pour une revalorisation pérenne des grilles de salaires. 

"Des propositions bien éloignées des attentes des salariés", selon Nelly Thébault. La délégation CFDT a donc refusé cet accord et prévoit de reconduire le mouvement de grève très prochainement.