Les Coursiers Autonomes de Bretagne entament leur tournée régionale

Publié le 26/04/2023

Du mois d’avril au mois de juin 2023, l’association des Coursiers Autonomes de Bretagne se lance dans une tournée des villes bretonnes afin de rencontrer les livreurs à vélo et d’échanger sur les problématiques de leur métier. L’objectif est de fédérer ces travailleurs indépendants pour construire un dialogue social avec les plateformes et les collectivités. Une première étape a été franchie dans la ville de Brest le 24 avril.

Principalement implantée à Rennes, l’association des Coursiers Autonomes de Bretagne (CAB) regroupe plus de 200 livreurs et souhaite se développer sur le territoire régional. L’association fait partie du syndicat Union-Indépendants, affilié à la CFDT. Plus gros pôle d’activité de livraison après Rennes, la ville de Brest est la première étape de cette tournée bretonne. 

Dès midi, c’est le coup de feu dans la rue Jean Jaures pour l’activité de livraison. Les commandes affluent et les livreurs défilent dans cette artère stratégique qui regroupe la plupart des fast-foods du centre-ville. Pour Joseph Atangana, président du CAB, c'est l’occasion de rencontrer un maximum de livreurs. Rompu au travail de terrain, ce dernier a le contact facile. « Au début, ils sont un peu fuyants » remarque Joseph, « on voit qu’ils n’ont pas du tout l’habitude d’être rencontrés par un syndicat contrairement à d’autres villes ». 

Pourtant, rapidement la méfiance tombe et les sourires s’élargissent. « Les livreurs n’hésitent pas à partager leurs problématiques et comprennent vite l’intérêt d’avoir un collectif qui les représente et qui assure la médiation avec les plateformes et la collectivité » assure Joseph. Les Coursiers Autonomes présentent leur travail à Rennes comme « un laboratoire de ce qui se fait de mieux pour les livreurs » qu’ils souhaitent reproduire dans les autres villes bretonnes.  

Parmi les objectifs, le CAB souhaite mettre en place une permanence dans les locaux de la CFDT de Brest à l’identique de celle qui existe à Rennes pour recevoir les livreurs et les accompagner dans la relation avec les plateformes, la gestion de l’application, et les cas de déconnexion.  

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Joseph Atangana et Violaine Le Roux rencontrent les livreurs et journalistes de Brest

La question des nuisances évoquée avec Brest Métropole 

Cette visite brestoise est aussi l’occasion de prendre un premier contact entre Brest Métropole, le CAB et la CFDT du Finistère. Parmi les sujets évoqués, la question des nuisances des livreurs motorisés qui agite le débat public brestois depuis quelques mois. « Nos services ont observé qu’environ 30% des livraisons sont à l’origine de ces nuisances, principalement sur les questions de circulation » indique Richard Ménager, directeur de la Prévention des Risques et de la Tranquillité Urbaine. 

Difficile d’obtenir un état des lieux précis de la part des plateformes, mais Brest Métropole estime qu’il existe une centaine de livreurs actifs dans la ville. « Un chiffre largement sous-estimé » souligne Joseph, « c’est un flux constant entre les déconnexions et les nouveaux arrivants, sans parler de la sous-location des comptes pour ceux qui n’ont pas de papiers ». Sans nier l’existence des nuisances, le CAB et la CFDT du Finistère font valoir l’importance d’intégrer la voix des livreurs dans le dialogue social.  

« Si la collectivité peine à trouver des solutions avec les plateformes, les livreurs peuvent aussi faire des propositions » affirme Violaine Le Roux, secrétaire départementale de la CFDT du Finistère. « Il est essentiel que ce ne soit pas les livreurs qui subissent les décisions au bout de la chaîne sans avoir pu participer aux échanges. » Une initiative accueillie favorablement par les services de la collectivité.  

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Des premiers accords historiques pour les représentants des livreurs 

Derrière ce travail de fourmi à l’échelle locale, les négociations nationales entre les organisations syndicales et les plateformes ont fini par aboutir. Le 20 avril, Union-Indépendants a signé l’accord qui encadre les modalités de rupture des relations commerciales entre livreurs et plateformes. Autrement dit, « le temps où le livreur se levait le matin et découvrait qu’il était déconnecté de l’application sans justification ni recours est révolu » traduit Joseph pour ses collègues livreurs. 

Désormais, les plateformes devront informer les livreurs par mail de leur future déconnexion et donner les raisons de suspensions des comptes sur un espace numérique dédié. De cette manière, les livreurs seront en capacité de contester la sanction et de se faire accompagner par une organisation syndicale. « D’où l’importance de fixer des permanences dans les villes d’activité de livraison » souligne Violaine Le Roux, « pour être accompagné, encore faut-il avoir un interlocuteur ». 

Autre avancée majeure, l’établissement d’un accord sur une garantie minimale de revenus pour les livreurs indépendants de 11,75€ par heure de temps de course. Union-indépendants revendiquait un minimum de 13€. Le syndicat consulte les livreurs jusqu’au 5 mai pour savoir si l’organisation sera signataire de cet accord. « En réalité, 80% des livreurs ont déjà cet argent s’ils travaillent régulièrement » décrypte Joseph pour un livreur Brestois, « mais ça posera déjà une base pour renégocier plus tard ». 

 

« Maintenant, il faut expliquer nos acquis aux livreurs. Ce n’est pas toujours facile car c’est technique, ils ne comprennent pas toujours la langue, et se désintéressent. Il faut constamment créer et maintenir du lien, c’est un travail de tous les jours ! » conclut Joseph. La tournée se poursuivra à Lorient le 15 mai, Quimper le 5 juin, Saint-Brieuc le 19 juin et Vannes le 26 juin.