Regards croisés sur le 50ème congrès de Lyon : 2 Bretons témoignent !

Publié le 01/07/2022

À l’issue de ce 50ème congrès, nous avons souhaité mettre en perspective les regards de deux de nos congressistes : Morgan Léon, délégué jeune du syndicat Défense Finistère qui assistait à son premier congrès ; et Louis Baron, militant retraité issu d’un long parcours syndical en Bretagne ayant participé à plusieurs congrès. Ils nous partagent leurs ressentis et leur expérience de ce congrès de Lyon.

Pouvez-vous présenter rapidement votre parcours à la CFDT  ? 

Morgan : J’ai 26 ans, je suis adhérent à la CFDT depuis mars 2020 et je travaille en tant que responsable des lots de travaux en maintenance des infrastructures à Naval Group. C’est le Covid et le confinement qui m’ont amené à adhérer, notamment parce que certaines infos arrivaient plus vite par les syndicats que par les managers. Je savais qu’un moment j’allais adhérer à un syndicat, je savais que ce serait la CFDT, j’attendais mon embauche en CDI avant d’adhérer. J’ai eu plusieurs formations via mon syndicat pour découvrir la CFDT et aujourd’hui je suis au sein de la commission de branche. Mon syndicat m’a proposé de venir assister au congrès, ce que j’ai accepté. 

Louis : Je viens du secteur agroalimentaire, j’étais aide familial dans la ferme de mes parents. Je suis rentré dans la coopérative de Gouessant en 1989 et j’ai adhéré en 1991. J’étais élu en tant que membre du CHSCT en 1994 alors qu’il n’y avait quasiment pas de présence syndicale dans la boîte. J’ai commencé un long parcours syndical à partir de là : sollicité à l’union locale de Lamballe et à l’union départementale des Côtes d'Armor à partir de 1995, on m’a demandé de venir siéger au Bureau régional en 2000. De 2008 à 2018, j’étais secrétaire général de la CFDT Bretagne, avant de finir ma carrière… Dans mon parcours, j’ai participé à 7 congrès confédéraux, en comptant celui de Lyon car j’étais invité au titre d’ancien membre du bureau national, la pratique faisant que ces derniers sont invités au congrès qui suit leur fin de mandat. 

 

Avant de venir, qu’est-ce que vous attendiez de ce 50ème congrès confédéral  ? 

Morgan : En réalité, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre pour cette première. J’ai participé à une réunion du Bureau syndical de préparation au congrès quand ils ont balayé le projet de résolution. Donc je m’attendais à beaucoup de débats, d’échanges, avec des cadences assez rythmées. Je m’attendais aussi à ce qu’il y ait autant de monde, on m’avait même dit 5000 personnes au lieu de 3000 !  

Louis : Je sais que c’est toujours un moment très important dans la vie de la CFDT car il y a l’aspect démocratique pour l’organisation qui me passionne, et au-delà, ça fait plus de 2 ans que je suis en retraite et éloigné de l’organisation donc j’étais curieux de sentir aussi comment se portait la CFDT. Surtout après un mandat si particulier, puisque je suis parti juste avant. C’est super important de pouvoir se retrouver en présentiel pour échanger, peut être encore plus que pour les congrès précédents. Ce sont des moments qui donnent la pêche  ! 

 

Ces attentes ont-elles été comblées ? Qu’en as-tu pensé ? 

Morgan : Déjà, je suis très satisfait d’avoir participé car cela permet aussi de discuter avec beaucoup de gens de mon secteur d’activité. Il y avait aussi les repas de fédération qui permettent de rencontrer des gens qui viennent de tous les horizons autour d’un domaine professionnel commun. Il y a vraiment eu du débat, j’ai vu aussi qu’à la CFDT on n’est pas toujours d’accord sur tout, c’était intéressant ! En revanche je n’étais pas prêt à ce que les délégués défilent à la tribune avec 6 minutes chacun et des prises de paroles qui peuvent parfois se ressembler, ce qui finit par devenir un peu indigeste en fin de journée. Ce qui m’a plu également, c’est que le congrès mélange tous les niveaux avec des gens comme moi qui sont justes militants et d’autres qui sont élus au niveau des Unions départementales, voire régionales. 

Louis : C’est un débat dans la continuité des précédents, évidemment il y a des débats importants, il y en a toujours eu. Je pense notamment à celui des retraites. La CFDT sort cohérente de cette période qui a bousculé tout le monde. La CFDT tient toujours le même fil de partir de ce qui se passe dans la vraie vie des travailleurs pour essayer de faire des propositions concrètes et de ne pas seulement être dans la posture. C’est ce qui fait l’identité de la CFDT. 

 

Pour Louis : est-ce que ce congrès marque une rupture ou est en continuité avec ceux où tu étais présent ? As-tu un sentiment nostalgique des anciens congrès, ou es-tu optimiste pour la suite  ? 

Louis : Je n’ai pas de sentiment de nostalgie, il n’y a pas de rupture mais plutôt des évolutions : on sent bien qu’il y a beaucoup de choses sur la formation, la place des militants, aussi sur les tiers lieux, et des ouvertures vers de nouveaux statuts, notamment concernant les livreurs… Je trouve ça bien que la CFDT cherche à s’adapter aux changements. J’ai senti cette volonté dans ce congrès, les lignes bougent pour s’ouvrir aux nouvelles formes de militantisme. Cela ne fait que 2 ans que je suis parti mais il y a déjà des évolutions importantes. Maintenant, revoir les anciens militants que j’ai connu et que je ne croise pas souvent, ça réveille beaucoup de souvenir sur un aspect plus humain. 

 

Pour Morgan : est-ce que tu t’es reconnu dans ce qui a été dit et dans les décisions prises ? 

Morgan : Je retiens surtout le débat sur les retraites, je suis jeune donc voir des gens en fin de carrière qui se battent pour leur retraite c’est assez intéressant. Je trouve qu’à la sortie du congrès, même si tout le monde n’a pas le même avis, on a une position assez claire sur les retraites. Je trouve que c’est assez important. J’ai aussi entendu des positions assez fortes de la part de certains syndicats dans lesquelles je me retrouvais moins, qui étaient surtout des postures d’opposition sur certaines propositions confédérales. 

 

Quel est le moment qui vous a le plus marqué lors de ces 5 jours ? 

Morgan : Les interventions de syndicats internationaux, franchement j’ai trouvé ça vachement impressionnant parce que ça remet nos soucis en perspective. Nous on rencontre peut-être des difficultés des fois dans les entreprises, au niveau de notre militantisme, mais dans certains pays ils risquent leur vie pour défendre des droits. C’est vraiment ce qui m’a le plus marqué.  

Louis : Les interventions des invités internationaux sont toujours des moments très forts, il y a de l’émotion. Mais il y a aussi du fond, ce n’est pas simplement leur donner la parole une fois tous les 4 ans. C’est aussi un travail de fond qui mesure la portée de notre contribution aux actions syndicales internationales notamment en Ukraine ou en Afghanistan. Autrement, les interventions étaient d’un bon niveau, avec des débats apaisés mais exigeants. J’ai beaucoup aimé la conclusion de Laurent Berger qui était aussi très impactante. 

 

Comment envisages-tu la nouvelle mandature et la rentrée avec cette nouvelle feuille de route ? Optimiste, inquiet, remotivé dans votre engagement ? 

Morgan : La rentrée va vite embrayer sur les élections professionnelles avec le renouvellement des Comités Sociaux Économiques (CSE). Il faudra assumer ce qui a été dit, notamment face à la concurrence des autres syndicats. Mais j’aurai l’avantage d’avoir été présent au congrès et de pouvoir dire « j’y étais, je sais ce qui s’est dit et il ne faut pas aller dire l’inverse ». Après, ça remet un sens, des fois quand on voit la difficulté des élus CFDT par rapport à celles que je peux avoir dans le travail au quotidien… je me dis que j’aimerais déjà arriver à prendre pleinement mon rôle de militant et de représentant CFDT dans mon secteur d’activité. Et continuer petit à petit à me former pour en apprendre plus sur le fonctionnement de l’entreprise et des instances représentatives du personnel. 

Louis : Je suis raisonnablement optimiste, car la CFDT est en ordre de marche. Par contre, quand on regarde le contexte, les enjeux très forts et les acteurs, la question c’est : avec qui on va pouvoir travailler demain ? Pour l’instant, il y a des points d’interrogation sur la situation politique assez inédite qui sort des législatives, quel sera le comportement des acteurs ? Si tout le monde se place dans des postures, avec l’Assemblée nationale comme tribune, il sera difficile de dégager des réponses et des compromis. 

 

La CFDT Bretagne remercie les deux congressistes pour avoir répondu à ses questions !