Association DIGEMER. Appel urgent à la solidarité, pour la survie de l’association 

Publié le 30/09/2019

« Nous défendons le droit de vivre qui est un droit fondamental. Jeter des familles à la rue est une négation de ce droit de vivre» dixit Louis et Marie-Paule FORGET et Andrée GOURRET, bénévoles de l’association Digemer. 
C’est par ces mots forts que l’association, qui vient en aide aux migrants et demandeurs d’asile du Finistère nord et le pays de Brest, tire la sonnette d’alarme. En effet, le durcissement de la politique migratoire, mise en œuvre par le préfet du Finistère, met clairement l’association en péril. D’ici trois mois, elle ne pourra plus faire face au financement des hébergements temporaires qu'elle gère pour 190 personnes exilées, à ce jour.  
Le bureau de la CFDT du Finistère a pris la décision d’informer ses adhérents de la situation de l’association Digemer et de relayer son appel aux dons. Dans une interview qu’ils nous ont accordée, ces trois membres de l’association évoquent les raisons des difficultés actuelles, la dégradation de la situation et l’importance de la solidarité. 

Marie-Paule, Louis et Andrée, vous êtes tous les trois bénévoles au sein de l’association DIGEMER. Pouvez-vous nous expliquer les actions de l’association ? 

 

L'association Digemer qui signifie Accueil en breton, a été créée en 2014. Un élément déclencheur a été le fait de voir des familles migrantes installer des tentes, en guise de logement, au port de commerce de Brest. Nous avons alors pris conscience qu’il était nécessaire de nous organiser pour leur venir en aide. 

Le premier objectif de l’association est de mettre à l’abri ces familles qui sont en danger. Il est inenvisageable pour nous de laisser des personnes à la rue, sans ressources et sans aide des institutions. Nous recherchons des solutions d’hébergements temporaires, pour ces migrants, qu'ils soient en famille, mineurs non accompagnés ou encore des personnes isolées.

Nous les accueillons et les accompagnons dans leurs démarches liées à la vie quotidienne. Nous cherchons aussi à sensibiliser les citoyens sur la situation réelle des migrants, dans le but d’organiser la solidarité. Il faut bien se dire que quitter son pays d’origine, dans des conditions très dures, ce n’est pas rien ! Se lancer dans une aventure pareille engendre de la souffrance, du stress, avec, pour beaucoup, des conséquences importantes sur leur santé. 

Comment l’association prend-elle en charge le financement des hébergements ? 
 
CHIFFRES DIGEMER

L’association fonctionne grâce à des dons, aux cotisations des adhérents et à des subventions.

Cela nous a permis de mettre en place plusieurs formules pour financer les hébergements mais nous atteignons nos limites. 

Digemer cherche des solutions pour des primo arrivants ou des personnes déboutées, pour les situations d’urgence pour lesquelles il n’est pas possible de constituer rapidement un collectif d’accueil.

Ensuite, nous avons les hébergements citoyens ; ce sont des personnes ou des familles qui accueillent des migrants chez elles, ou dans un logement leur appartenant. Cet hébergement peut être de durée très variable.

Parfois deux ou trois familles s’associent pour offrir l’hébergement à tour de rôle, sur un rythme qu’elles ont défini. Enfin, nous avons les collectifs « 100 pour 1 toit » ; ce sont des réseaux locaux, sur une commune ou un territoire, qui fournissent un hébergement à des personnes ou des familles, les soutiennent financièrement et les guident dans les démarches administratives, alimentaires, sanitaires, d'insertion.... L’objectif est de réunir une centaine de personnes – ou au moins quelques dizaines – qui s'engagent à verser tous les mois une petite somme (par exemple 5 €) afin de financer un logement à une famille de migrants. Chaque collectif gère lui-même le logement (loyer, charges, travaux, assurances...) qui a été mis à sa disposition gratuitement, ou avec un loyer modéré. En 2017, il y avait 2 collectifs « 100 pour un toit » dans le pays de Brest. Aujourd’hui, on dénombre 19 de ces collectifs affiliés à Digemer, situés dans le nord et centre Finistère. 10 d'entre eux sont autonomes financièrement et les 9 autres ont besoin d’une aide financière plus ou moins importante de Digemer pour fonctionner. D'autres « 100 pour 1 toit » se sont développés, rattachés à des associations locales ; nous sommes en lien avec eux.

Vous alertez aujourd’hui sur la situation financière de l’association qui pourrait ne pas passer le cap de la fin de l’année. Qu’est-ce qui explique cette dégradation ? 

Clairement, on assiste à un durcissement de la politique migratoire mise en œuvre par le préfet du Finistère. Beaucoup de titres de séjour ne sont pas renouvelés. Des familles qui étaient parfaitement insérées, vivaient en France depuis 3, 5 ou 7 années, se voient refuser le renouvellement de leur titre de séjour et font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Sans titre de séjour, elles ne peuvent plus travailler et sont contraintes de quitter leur hébergement car elles ne peuvent plus en supporter les charges. Le phénomène s’accentue et ces familles sont orientées vers notre association. Nous défendons le droit de vivre qui est un droit fondamental. Jeter des familles à la rue est une négation de ce droit de vivre. C’est intolérable ! Notre association est bien identifiée par les services sociaux de la ville de Brest et de certaines communes, et par les associations partenaires. 

En moins de 6 mois, les demandes d’accompagnement et le nombre de logements à financer ont beaucoup augmenté. La charge financière à laquelle fait face l’association dépasse désormais ses capacités. L’état actuel de la trésorerie permet seulement de prévoir le paiement des loyers et charges dus, durant les 3 prochains mois. L’association est en péril, ce qui nous oblige à tirer la sonnette d’alarme et à faire un appel à la solidarité. 

Vous avez sollicité le soutien de la CFDT. Comment nos adhérents peuvent-ils vous aider ?  

Compte tenu de la situation, le premier soutien serait d’obtenir des dons en argent. Nous recherchons également des bénévoles pour assurer l’accompagnement des familles et proposer des accueils familiaux. Nous sommes également en quête de logements mis à disposition à titre gratuit ou à loyer modéré. La CFDT a déjà soutenu l’association Digemer par le passé, nous espérons que cet appel permettra de créer un élan de solidarité pour passer ce cap difficile. 

Pour aller plus loin