La section syndicale a 50 ans. La CFDT du Finistère a marqué l'évènement

Publié le 01/06/2018

La CFDT du Finistère a organisé le jeudi 24 mai une soirée débat pour marquer l’anniversaire des évènements de mai 68.Une quarantaine de militants étaient réunis pour échanger autour des évènements et de l’héritage de mai 68 avec Jacques Le Goff, spécialiste en droit du travail et politiques sociales. L’occasion de retrouver, le temps d’une soirée, l’esprit de 68 au travers des témoignages des militants actifs de l’époque et de comprendre le tournant décisif qu’a engendré ce mouvement dans les relations sociales avec le patronat.

« D’un patronat de combat, où la négociation n’était pas possible, le mouvement des ouvriers de mai 68 a permis de faire entendre notre voix et d’ouvrir des négociations » précise un militant. Le syndicalisme d’entreprise est alors reconnu au travers de la création de la section syndicale, une revendication chère à la CFDT. « à partir de ce moment-là, tout était à faire » précise un second militant. Vague de syndicalisation, arrivée des femmes en responsabilité, les sections syndicales se structurent pour porter leurs revendications et améliorer les conditions de travail au sein des entreprises.

 Le témoignage des militants de la section syndicale de l’EHPAD d’Huelgoat qui s’est créée depuis peu atteste du bien fondé de cet acquis social. Face à la dégradation de leurs conditions de travail, les salariés ont pris contact avec la CFDT qui les a aidés à se structurer en section syndicale. « Aujourd’hui, la direction n’a plus affaire à 130 salariés isolés et le soutien du réseau CFDT est fondamental dans notre action syndicale. Grâce à ce collectif, nous pesons dans la prise de décisions » déclarent Maïna et Michel.

IMG 1545 (002)

Aujourd’hui, comme le confirme Jacques Le Goff beaucoup de choses se détermineront au niveau de l’entreprise par la négociation des accords d’entreprise, le recours au référendum... même si la branche professionnelle gardera ses prérogatives sur certains thèmes. La force de la section syndicale aura donc un rôle capital dans le maintien des droits et l’obtention de nouveaux acquis sociaux au sein de l’entreprise.

Il est revenu sur la période de mai 68, la grève s’est généralisée entre le 14 et le 24 mai avec au plus fort de la mobilisation plus de 7 millions de grévistes. Il est à noter une union entre étudiants et le monde du travail. Cette crise intense amènera le premier ministre Georges Pompidou à ouvrir des négociations.

La CFDT demande du qualitatif, sur les conditions de travail, la sécurité sociale, les salaires avec déjà une priorité pour les bas salaires et bien sûr la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise.

La reconnaissance de la section de la section syndicale fait partie d’une annexe des accords de Grenelle qui n’ont pas été signés. C’est quelque peu cocasse !

Jacques le Goff ajoute que mai 68 constitue un aboutissement car il aura fallu 80 ans pour que les syndicats soient reconnus dans l’entreprises après l’avoir été dans l’espace public en 1884.

 Il poursuit en précisant que c’est aussi un point de départ :

  • cette date inaugure un nouveau type de présence syndicale dans l’entreprise,
  • le syndicat devient référent pour la négociation d’entreprise, les syndicats prennent en charge les problèmes sociétaux, les lois Auroux de 1982 vont amplifier le mouvement
  • une nouvelle articulation entre société et état se met en place, le résultat de la négociation est repris dans la loi ou la loi fixe le cadre de négociation.

Jacques Le Goff souligne qu’il faudra certainement évoluer d’un syndicalisme militant à un syndicalisme de service. Les syndicats sont en quelque sorte « victimes » des conventions collectives étendues qui couvrent 97% des salariés quand seulement 5 à 6% des salariés sont adhérents à une organisation. Une évolution possible : faire du « social » en prenant en compte l’individu.

Lydie Nicol, secrétaire générale adjointe de la CFDT Bretagne, a conclu la soirée en soulignant le travail des militants engagés en 1968 et dans les années suivantes. Elle a précisé que la CFDT poursuit son évolution pour aller vers plus de proximité, le développement, etc. le congrès confédéral qui est réuni à Rennes, du 4 au 8 juin, va se prononcer sur ces changements.