Stéphane Caurant, délégué syndical de l’hypermarché Carrefour de Brest, revient sur l'intervention CFDT à l’assemblée générale des actionnaires

Publié le 29/06/2018

Stéphane Caurant, délégué syndical de l’hypermarché Carrefour de Brest, faisait partie des 100 militants CFDT qui ont porté la voix des salariés lors de l’assemblée générale des actionnaires.

Retour sur cette action syndicale remarquée qui a conduit l’ex PDG à renoncer à une partie de ses primes de départ.

 

Lors du Congrès de Rennes, Laurent Berger invitait les militants à imaginer de nouvelles formes d’action et de mobilisation pour peser sur les décisions et les choix stratégiques des entreprises. C’est ce qu’a mis en application la CFDT Carrefour lors de son intervention à l’AG des actionnaires, le 15 juin dernier. Stéphane Caurant qui a participé à cette assemble générale, évoque cette action syndicale innovante.

Stéphane, peux-tu te présenter ?Stéphane CAURANT Carrefour Brest

Je suis délégué syndical de l’hypermarché Carrefour à Brest depuis une dizaine d’années. Secrétaire du CE, membre du CHSCT et membre du bureau du syndicat des services du Finistère. Depuis novembre dernier, je suis co-responsable de la coordination régionale Carrefour pour la Bretagne avec Magali Fonteneau, déléguée syndicale de Carrefour St Malo.

Votre action, lors de l’AG des actionnaires Carrefour, a été très remarquée. Comment est née cette idée de créer une association des salariés actionnaires ?

L’histoire a commencé il y a 10 ans. Serge Corfa, l’ancien délégué syndical, souhaitait faire entendre les revendications de la CFDT lors de l’assemblée générale des actionnaires. L’idée est alors venue d’acheter des actions pour être autorisés à y participer. Au départ, seulement deux, trois militants ont fait  la démarche.

Et toi, à quel moment es-tu rentré dans la démarche ?

Il y a cinq, six ans, suite à une manifestation qui s’est mal passée liée à la vente des magasins DIA. Je souhaitais continuer à pouvoir m’exprimer et j’ai acheté des actions Carrefour pour devenir petit actionnaire. 

Sylvain MACE, le délégué national Carrefour, a poursuivi la démarche entreprise par Serge, en créant une association des actionnaires salariés de Carrefour (l’ARASC). Elle s’est considérablement développée puisque cette année, 100 militants CFDT dont 15 bretons étaient présents, avec les chasubles CFDT, pour représenter l’ensemble des adhérents et interpeller la Direction. Notre délégation est d’ailleurs bien écoutée et reconnue puisque les cabinets de conseils suivent nos résolutions.

Et cette année, comment avez-vous préparé votre intervention ?

Le groupe Carrefour souhaite supprimer 7000 postes dans le monde dont 5000 en France. Et paradoxalement, l’ancien PDG de Carrefour part avec des indemnités d’un montant de 17 millions d’Euros ! C’est indécent ! Et nous avons souhaité le faire savoir aux salariés de Carrefour en leur distribuant des faux chèques correspondant au montant de cette indemnité. Les salariés ont également été informés de la démarche que nous souhaitions entreprendre, à l’AG des actionnaires, pour mettre la Direction sous pression. Beaucoup d’entre eux nous ont donné leur numéro de téléphone pour recevoir les informations en temps réel, par sms.

Le lendemain de votre intervention, la Direction de Carrefour annonçait la révision à la baisse des indemnités de départ de l’ancien PDG. Votre action a donc fonctionné. En quoi pour toi elle est innovante ?

Contrairement aux autres organisations syndicales qui manifestent dehors au moment de l’AG, nous, nous sommes à l’intérieur à interpeller notre Direction qui se voit dans l’obligation de nous répondre. L’essentiel pour nous, c’est que les voix des salariés soient entendues par la Direction et, contrairement à d’autres, nous n’avons pas d’état d’âme à devenir des petits actionnaires de Carrefour pour porter nos revendications et peser dans les décisions.

Quelles sont les prochaines échéances pour Carrefour ?

Nous restons vigilants sur la restructuration engagée et les suppressions de postes. A la fin de l’année, nous avons des élections en vue de la mise en place des comités sociaux et économique. La proposition faite par la Direction concernant la mise en place de cette nouvelle instance ne nous a pas donné satisfaction et hier, nous avons refusé de la signer.