(2/5) : 1972 - L'équilibre politique, économique et religieux en Bretagne

Publié le 02/09/2022

Pour bien saisir le contexte social dans lequel s'inscrit le conflit du Joint Français, il est nécessaire de revenir sur les éléments qui ont permis une forte implantation de la CFTC, qui deviendra la CFDT, en Bretagne depuis les années 1950.

(Archive confédérale CFDT)

 

La situation politique

Après la dissolution de l’assemblée nationale décidée le 30 mai 1968, les partis de droite et du centre obtiennent 367 députés sur 487, dont 294 pour la seule UDR, parti du président. En 1969, après la démission du Président de Gaulle, G. Pompidou le remplace. La gauche est absente du second tour. Le PCF a obtenu 21% de voix au premier tour, la SFIO 5%. En 1971, François Mitterrand est élu premier secrétaire du Parti Socialiste Il s’engage dans l’élaboration d’un programme commun de gouvernement avec le PCF et PRG. L’extrême-gauche trotskyste et maoïste est très active.

 

L’influence des réseaux chrétiens en Bretagne

La hiérarchie catholique tend plutôt à se ranger auprès des courants conservateurs tandis que nombre de mouvements catholiques (ACO, JOC, JEC, MRJC …) développent des idées progressistes. Ces réseaux, à dominante religieuse dans les engagements, seront la ligne de force de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) puis de la CFDT et aussi le ferment de la deuxième gauche en Bretagne.

Après le concile Vatican II (1962-1965) prenant en compte l’évolution du monde un décret pontifical relance les prêtres-ouvriers interdits depuis 1954. Lucien Burel, vicaire aux villages, embauché au Joint français puis élu Cfdt et secrétaire du CE, fut l’un d’entre eux.

 

La CFDT en Bretagne

(Pour plus d'éléments sur l'Histoire de la CFDT en Bretagne)

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Malgré un fort taux d’abstention, les élections à la Sécurité Sociale (4 scrutins entre 1947 et 1962) permettent d’apprécier la représentativité des syndicats. Ces résultats montrent une influence croissante de la CFTC au cours de la période. Dès 1947, la CFTC représente 33% des suffrages exprimés (contre 26 % au niveau national) et ce dans les 4 départements. Elle atteindra plus de 38 % en 1962 dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine (pour 21 % au niveau national), et se situe comme première organisation dans ce département dès 1950.

 

 

Dès les années 50, la CFTC en Bretagne travaille à la construction d’une structure régionale, celle-ci est rendue indispensable par la gestion au niveau régional de la formation syndicale (et notamment des Écoles Normales Ouvrières), la coordination des administrateurs des Caisses de Sécurité sociale, et la répartition de moyens entre les UD et l’UR (permanents, équipements). D’abord Comité de liaison, la structure régionale devient Union en 1959. Son instance dirigeante est composée des présidents et SG des UD. 

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Au congrès confédéral de novembre 1964, la majorité de la CFTC, dans laquelle s’inscrit la Région Bretagne, décide de l’abandon de la référence au christianisme. La CFTC devient CFDT.

Dès le milieu des années 60, l’Union Régionale Bretagne décide de se doter d’un permanent Felix NICOLO sera nommé Secrétaire Général en 1969 (SG de l’UD56 de 1951 à 1958, puis secrétaire confédéral au centre de formation de Bierville). Il sera SG de l’URI jusqu’en 1976. En 1973, L’URI Bretagne évolue en une structure tenant congrès et élisant ses instances dirigeantes. Cette période a été marquée par une forte implantation CFDT dans l’agroalimentaire et par les plus grandes batailles syndicales de la Bretagne. 

 

Lire aussi : (3/5) Février - Mai 1972, le Conflit du Joint Français