Fleury Michon : la section CFDT de Plélan-le-Grand négocie un PSE à 7 millions d’euros !

Publié le 31/05/2023

Au mois de février, le groupe vendéen Fleury Michon a annoncé la fermeture du site de Plélan-le-Grand en Ille-et-Vilaine, en l’absence de repreneur. Un coup de massue pour les 101 salariés de l’usine qui, pour certains, travaillent sur les lieux depuis une vingtaine d’années. Les élus CFDT ont bataillé pour obtenir un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) avantageux afin de permettre à tous les salariés de rebondir et de retrouver un emploi.

C’est une page qui se tourne pour les salariés du site de Plélan-le-Grand. Implanté depuis une vingtaine d’années dans la commune, le groupe Fleury Michon a annoncé en février la fermeture de cette usine qui emploie 101 salariés. Faute de repreneur, un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) a dû être négocié entre la direction et les élus CFDT de l’entreprise. La CFDT est la seule organisation syndicale présente au sein du site de production. 

Face aux difficultés économiques, le groupe vendéen invoque « la perte de vitesse des jambonneaux et fleurons de canard », produits phares de l’usine bretonne, « et l’absence de moyens pour les relancer. » Pour Lionel Goltais, délégué syndical CFDT, le discours est amer : « il est vrai que le groupe connaît des difficultés depuis le Covid et la grippe aviaire, mais le site de Plélan est toujours resté dans le vert. En 2022, on a même fait le 2eme meilleur tonnage depuis 2014 ! » Les élus CFDT déplorent les mauvais choix stratégiques du groupe en matière d’investissement. 

« Dans cette histoire, les salariés ont servi de variable d’ajustement » dénonce Audrey Berthier, trésorière du Conseil Social et Économique (CSE) et conductrice de ligne à Plélan-le-Grand depuis 13 ans. « Mais le plus douloureux pour les salariés, c’était l’absence totale d’information et de considération de la part de la direction. » Alors que la rumeur courait déjà depuis plusieurs mois, les salariés ont dû louer un bus pour manifester devant le siège social à Pouzauges (85) pour que le groupe officialise la mise en en vente du site, le 27 octobre 2022. 

 

Une absence de dialogue source de souffrance pour les salariés 

La direction n’a pas fait preuve de plus de transparence par la suite. « Jusqu’au bout, nos interlocuteurs ont louvoyé… » commente Audrey, « ils ne donnaient pas d’information mais on voyait les potentiels repreneurs visiter l’usine. Cela a donné de l’espoir aux salariés. Alors quand il a fallu annoncer les licenciements... » Une incertitude qui a causé une grande souffrance psychologique pour la centaine de salariés du site. Les élus CFDT ont demandé la mise en place d’une cellule d’écoute de la part du cabinet Catalys. « On a vu des gens commencer à craquer… », témoigne Lionel, « personnellement c’était très difficile aussi. Je ne souhaite à personne de vivre ça. » 

Très rapidement, la CFDT met en place une cellule de crise suite à l’annonce du PSE en février. La section a pu être appuyée par le syndicat CFDT Agri-Agro d’Ille-et-Vilaine, la Fédération Agri-Agro et par les cabinets-conseils partenaires de la CFDT Bretagne : Catalys, LBBA et Syndex. « Fleury Michon nous a fait part de son intention d’expédier la négociation du PSE au plus vite, d’ici fin mars au plus tard » indique Lionel, alors en charge de la négociation. Une entorse à la loi rappelée par les élus CFDT : une période de 3 mois doit de nouveau être respectée pour la recherche d’un repreneur après l’annonce du PSE.  

« Ce qui les a sauvés, c’est d’être en lien solide avec le syndicat pour que l’on puisse réagir très vite et consulter nos experts juridiques », affirme Olivier Louchard, secrétaire général du Syndicat Agri-Agro d’Ille-et-Vilaine. « La moyenne d’ancienneté des salariés de l’entreprise est de 19 ans ! » ajoute Lionel qui travaillait sur le site avant même l’implantation de Fleury Michon. « On s’est aussi beaucoup mobilisé pendant le Covid. On demande un minimum de reconnaissance avec un PSE qui ne soit pas au rabais. » 

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Audrey Berthier et Lionel Goltais (à gauche) lors d'un mouvement de grève le 15 mars devant le site Fleury Michon de Plélan.

 

Les élus CFDT négocient un PSE à 7 millions d’euros 

Malgré des négociations particulièrement difficiles, Lionel et Audrey n’ont pas à rougir de leur bilan. Avec l’appui des cabinets-conseils, ils ont signé le 24 mai un PSE très avantageux pour les salariés qui se chiffre à environ 7 millions d’euros. La durée du congé de reclassement a été fixée à 12 mois pour les salariés, employés et agents de maîtrises, 7 mois pour les techniciens et 6 mois pour les cadres. Lors de ce congé, ils toucheront 80% de leur salaire brut, toutes catégories confondues. En cas de formation d’une durée allant jusqu’à 24 mois, les salariés toucheront 65% de leur salaire brut après 12 mois. « Nous avons une moyenne d’âge de 49 ans, assez vieillissante. Les catégories Cadres trouveront rapidement un nouvel emploi, mais pour les autres, il fallait obtenir un peu plus de temps », précise Lionel en énumérant les clauses. 

Le PSE prévoit aussi la capitalisation du congé de reclassement : si un salarié trouve un nouvel emploi avant la fin de son congé, il pourra toucher 65% de son salaire brut d’ici la fin du congé initialement prévu. Pour les indemnités supra légales, la section a négocié 16 000€ pour les agents de maîtrise et techniciens, 13 000€ pour les cadres et 5000€ pour les salariés de moins de 5 ans d’ancienneté, toutes catégories confondues. « Au départ, Fleury Michon proposait 4000€ pour tout le monde… Totalement inadmissible pour les salariés » commente le délégué syndical. 

Autre volet d’importance, la formation ! « Là où les cadres ont des formations qualifiantes, les obligations de l’employeur en matière de formation sont quasiment inexistantes pour les salariés du premier collège. Celles qu’ils reçoivent ne permettent pas de maintenir leur employabilité », observe Olivier Louchard du syndicat Agri-Agro, « c’est assez commun dans les boîtes d’agroalimentaire. » Pour pallier ce frein à l’emploi, les élus CFDT ont obtenu une enveloppe de 400 000€ pour la formation des salariés. Une somme supérieure à la moyenne habituelle. Enfin, une aide de 20 000€ par salarié est prévue pour un projet de création d’entreprise. 

 

Malgré une période difficile, Lionel et Audrey espèrent voir les salariés de Plélan-le-Grand retrouver un emploi sans trop de difficultés. « Certains ont déjà des perspectives, d’autres suivent des formations proposées par le cabinet Catalys » selon Lionel. Un Job Dating a récemment été organisé en lien avec la municipalité de Plélan. « Nous tenons à remercier le syndicat et leurs partenaires sans qui la situation aurait été bien différente », conclut Audrey.