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Baden : un dialogue social rompu entre les agents et la collectivité

Publié le 03/07/2023

Vendredi 9 juin 2023, 75% des agents de la commune de Baden (Morbihan) ont fait grève pour dénoncer les inégalités salariales et la rupture de dialogue social au sein de la collectivité. Le syndicat CFDT Interco du Morbihan, qui soutient les agents, a proposé une médiation à la municipalité. Sans retour de la part du maire, les agents envisagent des suites à cette mobilisation. 

La rupture du dialogue atteint son paroxysme entre les agents de la collectivité et la mairie de Baden. Cette commune du Golfe du Morbihan compte 4400 habitants et emploie environ 80 agents, Centre Communal d'Action Social (CCAS) compris. Vendredi 9 juin 2023, 53% d'entre eux étaient en grève et 22% ont posé un congé pour ne pas perdre de salaire, contraignant la plupart des services municipaux à fermer. Un conflit dû à l’absence de dialogue social entre la collectivité et les agents. Les grévistes dénoncent aussi « de profondes inégalités dans la rémunération des agents. » 

L’année dernière, à la même période, la mairie de Baden a revu le régime indemnitaire des agents sans y associer ces derniers. « Lorsqu'ils ont pris connaissance du nouveau tableau, les agents ont fait des bonds », décrit Catherine Ndiaye, secrétaire générale du syndicat CFDT Interco du Morbihan. « Il y avait des augmentations astronomiques pour le personnel encadrant, et des montants dérisoires pour les autres. » S’en suivent alors deux mouvements de grève en juin et juillet 2022 au bout desquels le maire s’était engagé à revoir sa copie. 

Un effort financier a été consenti par la municipalité qui permet une légère revalorisation du régime indemnitaire pour les plus bas salaires. De plus, à la suite des élections au Comité Social Territorial (CST) en décembre dernier, les représentantes du personnel ont travaillé avec les élus municipaux en apportant des solutions pour un nouveau dispositif plus équitable, dans un objectif de compromis. Pourtant, lorsque le CST présente ses propositions en avril 2023, le maire les rejette en bloc, conduisant de nouveau les agents à la grève. 

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Aucune conception du dialogue social 

« C’est la méthode qui ne passe plus », affirme Catherine Ndiaye, « les propositions des élues du personnel sont traitées avec mépris, et les CST sont expédiés en 1h30 sur des sujets essentiels. » Et ce malgré les quelques avancées mises en place par la municipalité. « À creuser encore plus le fossé qui le sépare des agents, le maire trouvera bientôt du pétrole », s’amuse un gréviste. Le maire lui-même a reconnu ce déficit de dialogue social devant un journaliste du Télégramme : « que par tradition, la mairie de Baden n’était pas à la pointe du dialogue social et que les agents pouvaient légitimement ne pas se sentir suffisamment considérés. » 

Pour le syndicat, ce troisième mouvement de grève traduit aussi le ras le bol des agents de ce mode de gestion “traditionnel” très descendant. Face au refus du personnel concernant les propositions du maire faites en avril, ce dernier propose revenir aux propositions initiales en cas de refus. Une élue du CST s’insurge : « en un an, ils n’ont même pas pris la peine de chiffrer notre proposition, ne serait-ce que pour revenir vers nous, la juger peut-être trop onéreuse mais au moins poser les bases d’une négociation, puis d’un compromis. » 

Le syndicat Interco du Morbihan a proposé une médiation entre les agents et la municipalité lors du prochain CST. « On ne peut pas rester dans cette situation, il faut reprendre le dialogue et trouver des compromis ! » confirme la secrétaire générale. Première avancée, un chiffrage des revendications des agents a été réalisé, ce qui permettra aux élus CFDT d’avoir une vision pour négocier. « On peut tout à fait entendre que le budget des mairies soit restreint, on leur demande juste d’être transparents. » 

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Les agents ne baissent pas les bras ! 

Pour l’heure, les agents sont en souffrance : contractuels en emploi précaire, management agressif, mal être au travail... « Certains m’ont dit qu’ils finissaient la fin du mois aux restos du cœur », confie Catherine. La médiation proposée par le syndicat a été laissée sans suite. Une nouvelle classification du régime indemnitaire devrait être votée lors d’un prochain conseil municipal, sans aucune considération pour l’avis défavorable des représentants du personnel. 

« Pour autant, les élus CFDT ne baissent pas les bras ! » déclare Nathalie Bellec, secrétaire générale adjointe du syndicat. Il reste plusieurs options sur la table. D’abord, une fois que la délibération sera prise, les agents devront signer un arrêté d’attribution du régime indemnitaire, or, ces arrêtés sont attaquables. « Plusieurs agents envisagent un recours contre ces arrêtés, s'ils sont suffisamment nombreux, cela peut faire boule de neige », confirme Nathalie Bellec. 

Ensuite, le mouvement des agents a largement reçu l’adhésion et le soutien de la population badenoise. De même, les élus de l’opposition soutiennent les agents et voteront contre la délibération. « Cela pourrait finir par faire la différence », veut croire Nathalie. Enfin, les agents sont déterminés à faire entendre leurs revendications. « Ils nous ont demandé les modalités pour une grève reconductible et sur les possibilités de prise en charge des salaires par la Caisse Nationale d’Action Syndicale (CNAS) de la CFDT. Il n’est donc pas exclu que le mouvement redémarre et perdure. »