Fougères : 500 personnes manifestent pour sauver l’hôpital public !
À l’appel de l’intersyndicale, environ 500 personnes ont manifesté dans la ville de Fougères (Ille-et-Vilaine) le 15 octobre pour défendre l’offre de soins du Centre Hospitalier. La CFDT alerte sur la situation critique de certains services fragilisés par le manque de médecins. Usagers et professionnels se sont réunis pour sauver l’hôpital public de proximité.
Sur le parvis de l’hôpital, les responsables syndicaux prennent la parole et s’adressent aux centaines de manifestants réunis en contrebas : « mobilisons-nous pour défendre et garder tous nos services publics hospitaliers à Fougères », lancent les militants CFDT. Une manifestation qui vise à interpeller la population et les élus sur la situation de l’Hôpital, car ce sont des problématiques qui touchent principalement les usagers.
Environ 500 personnes sont venues participer à la marche, du centre hospitalier à la sous-préfecture. Une mobilisation d’importance pour un territoire de la taille de Fougères ; un signe que l’enjeu est de taille ! Cela fait déjà plus d’un mois que le syndicat Santé-Sociaux d’Ille-et-Vilaine alerte sur la situation de certains services hospitaliers.
Cortège dirigé par l'intersyndicale dans les rues de Fougères
Maternité, gastro-entérologie et urgences
En septembre, trois spécialistes en gastro-entérologie ont quitté l’établissement pour s’installer ailleurs, ne laissant plus qu’un médecin exerçant en libéral sur l’hôpital. Aide-soignante de profession, Huguette Desancé est aussi déléguée CFDT au sein de l’établissement. Elle nous partage ses inquiétudes : « il est évident qu’un seul médecin ne pourra pas absorber toute la patientèle de Fougères et combler le travail des trois autres. C’est un travail d’équipe, un partage est indispensable ! »
Le service maternité est également menacé par le manque de gynécologues-obstétriciens. « On a tout ! » se désole Huguette, « les locaux de la maternité ont été refaits à neuf en 2013 avec 10 salles équipées de matériels récents, il ne nous manque que les médecins… » Aujourd’hui, le service tourne essentiellement avec des intérimaires. « Ce qui est insuffisant pour la prise en charge de toutes les patientes, et l’activité d’accompagnement pour préparer l’accouchement risque de disparaître », commente l’aide-soignante.
Huguette Desancé (à droite) en prise de parole, aux côtés des militantes Santé Sociaux 35
Une pénurie qui impacte aussi le service des urgences, puisque l’absence de spécialistes sur certaines pathologies conduira les patients à être pris en charge ailleurs. « On ne sait pas comment ça va se passer, car les hôpitaux de Rennes et Vitré n’ont pas la capacité d’accueillir toutes les situations d’urgence du pays de Fougères » indique le syndicat Santé-Sociaux d’Ille-et-Vilaine.
Une catastrophe au vu des travaux de rénovation du Centre Hospitalier de Fougères qui ont eu lieu 10 ans plus tôt pour un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros.
EN VIDÉO : les images de la manifestation sur le compte Instagram de la CFDT Bretagne
Des accouchements sur le bord de la route ?
« Concrètement, ça signifie une véritable perte de chance en santé pour les habitants du pays de Fougères », souligne Fetta Boumaza, secrétaire départementale CFDT. « Il y a beaucoup plus de risques quand on doit faire 45 km pour aller à l’hôpital que lorsqu’on est à côté. Avec des situations comme des accouchements sur le bord de la route, par exemple ».
Si les professionnels et la population étaient au rendez-vous, certains élus et acteurs locaux ont brillé par leur absence. L’Agence Régionale de Santé et le préfet ont gardé le silence et refusé de recevoir les représentants syndicaux pour échanger sur la situation. Il en va pourtant de leur rôle.
En 2016, le CHU de Rennes et une dizaine d’hôpitaux du département ont signé une convention pour former un Groupement Hospitalier de Territoire (GHT). Pour l’ARS Bretagne, l’objectif est « de favoriser les coopérations entre hôpitaux publics […] et de proposer une offre de soins de qualité en disposant de ressources médicales partagées volontaires ». Cette convention implique de déployer des spécialistes du CHU de Rennes à Fougères quelques jours par semaine. « Nous demandons une vraie volonté politique pour maintenir notre offre de soins et que le CHU tienne ses engagements. Ce partage du temps des spécialistes existe ailleurs, cela fonctionne très bien ! » conclut Huguette.
