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Laboratoires Cerballiance : les salariés s’opposent à la délocalisation du centre d’analyse de Plérin

Publié le 04/07/2023

Les 70 salariés des laboratoires d’analyses médicales Cerballiance dans les Côtes-d’Armor ont entamé un mouvement de grève le 8 juin 2023. Ils dénoncent la délocalisation du plateau technique de Plérin pour une logique de profit, au détriment d’une offre de soins de proximité. La CFDT mène des négociations pour maintenir l’emploi et l’activité sur le site costarmoricain.

Un mouvement social des 70 salariés des 6 laboratoires du groupe privé Cerballiance dans les Côtes-d’Armor s’est initié jeudi 8 juin 2023 pour s’opposer à la fermeture du plateau technique de Plérin. Ce dernier emploie 12 techniciens de laboratoire chargés d’analyser les prélèvements effectués dans les six laboratoires du groupe dans le département (Saint-Brieuc, Plérin, Ploufragan, Yffiniac, Étables et Lamballe). 

« Cerballiance souhaite délocaliser l’activité d’analyse des prélèvements sur les sites de Brest (80%) et de Laval (20%) », détaille Benoît Tadier, du syndicat CFDT santé sociaux des Côtes-d’Armor. Une situation intolérable pour la CFDT qui dénonce la destruction d’un service de soins de proximité, sur un territoire où cette offre se raréfie. « Cela va engendrer un allongement des délais de résultats, sans parler de l’aberration écologique, puisque des navettes devront quotidiennement parcourir 280 à 360 km pour acheminer les échantillons », déplore Benoit Tadier. 

Du point de vue social, c’est le métier de technicien de laboratoire avec son expertise et ses compétences qui est amené à disparaître. La concentration des plateaux techniques provoque l’industrialisation de la réalisation des analyses, en passant par l’investissement de gigantesques chaînes automatisées. La délocalisation du plateau de Plérin, où 12 techniciens travaillent, ne maintiendra que deux d’entre eux dans leur activité actuelle. Sur Brest, les 27 techniciens vont passer à 20 Équivalents Temps Pleins. 

 

Une logique de rentabilité financière  

Entre mars 2020 et septembre 2022, les salariés des laboratoires d’analyses médicales ont été en première ligne face à la pandémie du Covid, sans masque ni aucun autre moyen de protection dans un premier temps. Les salariés se sont pliés sans broncher en tant que personnels soignants, ont été sur-sollicités en charge de travail. En effet, au laboratoire Cerballiance de Plérin, « plus de 50% de l’activité quotidienne était focalisée sur les tests Covid, avec parfois plus de 1 300 tests analysés par jour », témoigne un salarié du laboratoire. 

Les laboratoires d’analyses médicales ont généré des profits sans précédent durant l’état d’urgence. Chez Cerballiance Côtes-d’Armor, les bénéfices ont été multipliés par deux, entre 2020 et 2021, et encore supérieurs en 2022. « Une large part a été redistribuée aux investisseurs, et les salariés n’ont eu que des miettes », rappelle le syndicat Santé-Sociaux. Ce dernier dénonce « une restructuration qui répond à une logique de rentabilité financière, au détriment des besoins de la population », face à la régulation des bénéfices imposée par l’État début 2023. 

Le mouvement social a rencontré le soutien de nombreux élus locaux qui dénoncent « des conséquences sanitaires déplorables ». La CFDT a alerté l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour qu’elle se positionne clairement sur cette situation. Aucune réponse n’a encore été apportée à ce jour. « Par son silence, l’ARS cautionne directement ce système », dénonce Benoit Tadier. 

 

Des négociations qui avancent timidement  

Un mouvement de débrayage initialement programmé entre le 12 et le 17 juin, a été suspendu, la direction ayant accepté de revenir aux négociations avec les représentants du personnel. Une première avancée a été obtenue sur la sécurisation des emplois et l’organisation du travail. Cerballiance s’engage à ne pas faire de licenciement sec, des reclassements sont en réflexion, principalement pour les techniciens qui seront reclassés à la réalisation des prélèvements sanguins dans leur périmètre. 

En revanche, s’agissant la garantie du service de proximité, avec un panel d’analyses urgentes toujours effectuées à Plérin, la direction ne veut pas s’engager à ce jour. Les salariés proposent d’engager une réflexion avec les cabinets médicaux pour identifier leurs besoins afin d’élargir ce panel, et répondre aux besoins de la population. À ce jour, c’est un point bloquant. 

C’est pourquoi les élus locaux ont été de nouveau sollicités par la CFDT, pour sensibiliser les médecins de leurs communes respectives, afin de faire pression sur le groupe Cerballiance et alerter sur leurs besoins afin de garantir un service de proximité cohérent au territoire.