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Prévention des risques psychosociaux : les journées thématiques de la CFDT Bretagne font salles combles !

Publié le 29/01/2024

Face à une forte demande des militants, la CFDT Bretagne a organisé une deuxième journée de sensibilisation sur la lutte contre les risques psychosociaux (RPS) le 19 janvier 2024 à Ploufragan. Une trentaine d’élus CFDT sont venus assister à cette journée animée par Frédéric Huon, secrétaire régional en charge de la Santé au travail, et par Stéphanie Lebail-Pagan, infirmière santé au travail et assistante politique de la CFDT Bretagne.

L’enjeu est de taille. Si l’on peut se réjouir de l’implication des élus CFDT dans la prévention des RPS, cette forte demande traduit aussi une augmentation des maladies professionnelles. Bien que ce type de maladie soit difficile à quantifier avec précision, la Carsat Bretagne estime une hausse de 37% par rapport à 2019.  

En France, le ministère du Travail définit les risques psychosociaux comme « des risques professionnels d’origine et de nature variées, qui mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des salariés et ont, par conséquent, un impact sur le bon fonctionnement des organisations. » Le terme est apparu au cours des années 2000, par extension de la notion de stress au travail, qui n’est qu’une des manifestations des RPS. Le code du Travail intègre les RPS dans la responsabilité pénale de l’employeur en précisant que « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés. (L4121-1) » 

 

La prévention, clé de voute de la Santé au Travail 

L’employeur doit obligatoirement évaluer les risques auxquels les salariés sont exposés à travers le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). « Pour autant, ce document est encore trop souvent perçu comme une obligation légale par les employeurs, plutôt que comme un outil à leur service », regrette Frédéric Huon. C’est pourtant ce document qui doit servir d’appui pour construire une politique de prévention au travail.  

« En France, les politiques de Santé au Travail ont trop longtemps été centrées sur la réparation des conséquences au détriment de la prévention primaire », rappelle le secrétaire régional. « L’accord national interprofessionnel Santé au travail négocié par les partenaires sociaux en 2020 a fait de la prévention la priorité des priorités. » 

La prévention primaire consiste à identifier et éliminer au maximum les risques avant qu’ils ne surviennent. L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles distingue neuf grands principes généraux qui régissent l’organisation de la prévention. « Les élus du personnel doivent être vigilants sur le caractère collectif des mesures de prévention. Ce sont souvent les plus efficaces » pointe Frédéric Huon, « le réflexe des employeurs est encore trop souvent de passer par la protection individuelle. » 

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De multiples conséquences sur la santé 

Les risques psychosociaux regroupent le stress au travail, mais aussi les violences internes à l’organisation (collègues, management, …) ainsi que les violences externes à l’organisation (face à un client ou usager, interlocuteur externe). « Les conséquences des RPS sur la santé sont extrêmement nombreuses et variées en fonction des personnes », souligne Stéphanie Lebail-Pagan.  

On distingue trois types de conséquences : physiques, psychologiques et comportementales. « Cela peut se traduire par l’apparition de maladies chroniques, des douleurs, mais aussi par de la dépression, de l’isolement ou de l’agressivité », poursuit l’infirmière en Santé au travail, « la fatigue persistante malgré les temps de repos est souvent un indicateur clé. » 

Les nombreux burn out, la perte de sens au travail, ou dans les cas les plus extrêmes, les tentatives de suicide au travail sont directement en lien avec ces phénomènes. « La réponse type de l’employeur est de pointer les difficultés dans la vie privée du salarié. Or, c’est bien l’organisation du travail qu’il faut aller interroger » affirme Frédéric Huon. 

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Frédéric Huon et Stéphanie Lebail-Pagan à l'animation de cette journée.

 

Agir sur la souffrance au travail 

Cette remise en question de l’organisation du travail plutôt que des individus va à rebours des politiques de « bonheur au travail » que l’on retrouve dans la culture de certaines entreprises. L’omniprésence d’une communication positive finit par saper la possibilité d’exprimer des difficultés et par isoler les salariés qui ne rentrent pas dans le cadre. « L’une des clés est de renforcer les espaces d’expression pour les salariés pour rompre cet isolement car bien souvent les difficultés sont partagées », analyse Stéphanie Lebail-Pagan.  

« Il appartient aussi aux élus du personnel de mener l’enquête et de ne pas se reposer uniquement sur l’employeur et sur l’inspection du travail de compléter les dossiers », ajoute Frédéric. Dans cette optique, le syndicat CFDT Protection Sociale Bretagne a lancé une grande enquête auprès des salariés des organismes de Protection sociale pour dénoncer la souffrance liée aux conditions de travail. Enfin, l’une des dernières étapes est de mettre en cause la responsabilité pénale de l’employeur en cas de manquement. Les élus CFDT ont obtenu plusieurs condamnations pour des faits de harcèlement au travail. Le secrétaire régional constate souvent que « la difficulté à réunir les éléments de preuve et la lenteur des procédures peuvent décourager les victimes. Nous devons leur montrer que la CFDT est prête à les soutenir dans leur démarche si elles en font le choix. » 

La CFDT Bretagne renouvellera régulièrement cette proposition de journée thématique pour sensibiliser les élus CFDT dans la prévention et la lutte contre les RPS.

 

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