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Sans toit, pas d’emploi !

Publié le 04/03/2024

Organisées le 2 février dernier à Quimper, les premières assises régionales du logement ont permis de dresser un diagnostic des difficultés d’accès au logement en Bretagne. Une délégation CFDT était présente pour apporter son regard sur les outils et les expérimentations en cours. Focus sur la crise du logement en Bretagne.

Dans son livre “Bretagne secondaire”, Benjamin Kletz, journaliste et auteur, illustre l’explosion du phénomène des résidences secondaires en parlant de la Bretagne des volets fermés.” En ajoutant les prix du marché, ces "volets fermés" privent de plus en plus de ménages bretons de l’accès au logement, avec une nette accélération depuis la crise sanitaire du Covid-19. Pour faire face à cette bombe sociale à retardement, ces assises du logement proposées conjointement par la Région et les services de l’État ont pour objectif de mobiliser les acteurs locaux afin de construire des solutions concertées. 

Pour la CFDT Bretagne, la problématique du logement est un périphérique pour l’accès à l’emploi. La corrélation est bien connue : pour avoir un emploi, il faut disposer d’un logement à un coût supportable et qui ne soit pas trop éloigné du lieu de travail. Une bombe sociale peut donc en cacher une autre. La crise du logement est un facteur déterminant de l’augmentation du taux de chômage.  

 

Les facteurs de crise 

Les données prospectives de la Région prévoient l’accueil d’environ 260 000 habitants supplémentaires en Bretagne d’ici 2050. La population bretonne croît nettement plus vite que celle du reste de la France depuis 2010. Dans le même temps, le marché du logement breton est confronté à la forte concurrence des résidences secondaires et meublés dédiées au tourisme, tout particulièrement sur la bande côtière. 

À cela s’ajoute l’évolution des prix du marché de l’immobilier, en décalage complet avec l’évolution du revenu des ménages. Pour Véronique Bouchon, secrétaire régionale de la CFDT Bretagne en charge du Logement, « ce constat marque les limites des politiques d’expérimentation des collectivités locales. Même si l’on active des leviers fiscaux pour libérer les logements, il faut une place centrale pour les politiques de rémunération des ménages afin de rendre ces logements accessibles. »  

L’une des conséquences, c’est l’explosion de la demande locative sociale et une baisse des attributions. Sur ce sujet, la CFDT s’associe à la Fondation Abbé Pierre dans le cadre du Pacte du Pouvoir de Vivre et condamne la proposition du premier ministre d’intégrer la construction de logements intermédiaires dans le quota de 25% consacrés aux logements sociaux dans la loi SRU. « C’est une mesure qui freine mécaniquement l’accès au logement pour les ménages les plus modestes », affirme Véronique Bouchon. « Nous contestons aussi la possibilité des maires de décider de l’attribution de ces nouveaux logements sociaux. Ce n’est pas aux élus de choisir leurs habitants ou électeurs. Le risque de clientélisme est mortifère pour la cohésion sociale. » 

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Pas de solutions sans politique d’envergure 

Au-delà des constats, la CFDT Bretagne examine avec beaucoup d’attention les expérimentations sur la fiscalité des locations de courte durée qui sont en cours dans plusieurs communes du littoral breton. « Nous regardons d’un œil favorable le texte adopté par l’Assemblée nationale le 29 janvier pour réguler les logements de type Airbnb », affirme la secrétaire régionale. Une autre solution proposée par la Région serait d’étendre la possibilité de loger les travailleurs saisonniers dans les internats des lycées volontaires. « La CFDT reste vigilante sur les conditions d'hébergement et de confort de ce type de solutions », réagit Véronique. 

« Néanmoins, ces expérimentations démontrent bien que la crise du logement ne saurait être résolue par quelques mesures sur telle ou telle commune », pointe la délégation CFDT. « Seule une véritable politique du logement d’envergure peut mettre en œuvre un faisceau de décision à même de répondre aux enjeux de notre région. » 

La CFDT Bretagne rappelle l’importance de mettre au cœur des pratiques syndicales les questions du pouvoir de vivre des travailleurs, dont le logement est une composante essentielle. C’est grâce à un dialogue social de qualité que les meilleures solutions émergeront pour répondre à cette crise qui s’étend déjà à la question de l’emploi. Car sans toit, pas d’emploi ! 

Lire aussi : Le Pacte du Pouvoir de Vivre des Côtes d'Armor rencontre la vice présidente du département déléguée au logement

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