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Salariés de la propreté : la CFDT lance sa tournée régionale de sensibilisation

Publié le 07/11/2023

Du 10 octobre au 10 décembre 2023, les syndicats bretons de la CFDT des Services entament une tournée régionale afin de rencontrer les salariés de la branche Propreté sur leur lieu de travail. L’objectif est d’informer et de fédérer ces travailleuses et travailleurs isolé.e.s pour construire un revendicatif commun. La première étape a eu lieu le 10 octobre à l’hôpital Pontchaillou de Rennes.

On pourrait les confondre avec le personnel soignant. À cinq heures du matin, les salariés de l’entreprise Netplus revêtues de leur charlotte et de leur blouse blanche s’activent sous la lumière artificielle du sous-sol de l’hôpital Pontchaillou. C’est l’heure pour eux de prendre leur poste avant de se répartir dans les différents bâtiments du Centre Hospitalier, une petite ville dans la ville, à Rennes. Venus des quatre coins de la Bretagne, une quinzaine de militants des quatre syndicats départementaux des Services s’apprêtent à rencontrer ces salariés pour échanger sur leurs conditions de travail. 

À l’aide d’un questionnaire qui sera diffusé aux agents de propreté dans les principaux sites d’activité bretons, les syndicats espèrent tirer des données pour construire un revendicatif commun porté au niveau national. Les agents de l’hôpital Pontchaillou ont apprécié l’intérêt porté à leur métier. Au bout de quelques dizaines de minutes, des besoins d’accompagnement sont relevés : « J’en ai rencontré une qui fait du 7h-20h, on va lui faire respecter ses amplitudes horaires », signale une militante morbihannaise.  

 

Des salaires grevés par les frais de déplacement 

La Bretagne compte environ 22 000 salariés dans le secteur, dont les deux tiers sont des femmes. Ils travaillent dans les écoles, les hôpitaux, les transports, les bureaux, ou encore, dans les sites industriels. Les salariés de la propreté font partie des travailleurs dits « de seconde ligne » qui ont été reconnus comme essentiels lors de la crise sanitaire. Plus de 3 ans après, la CFDT constate une absence d’amélioration de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’achat. 

Cette question du pouvoir d’achat est un vrai casse-tête pour les agents. Déléguée syndicale CFDT d’une entreprise de nettoyage à Brest, Estelle Vanderlene connaît bien cette difficulté. « Pour avoir un temps plein et un salaire décent, nous sommes obligés d’être multi-employeurs. Moi j’en ai deux, mais j’ai des collègues qui en ont trois, voire quatre. » Seulement, multiplier les employeurs implique aussi de multiplier les chantiers. Et donc, de parcourir les dizaines de kilomètres qui les séparent les uns des autres 

« J’ai en exemple une de mes collègues qui fait 160 km par semaine en trajet inter-chantiers », témoigne Rudy Laforêt-Migné, secrétaire général du syndicat des Services du Morbihan, lui-même issu du secteur de la propreté. « Et ce n’est pas l’indemnité de transport actuellement consentie par la Fédération des Entreprises de la Propreté qui permet de compenser la perte de salaire. Finalement, on rajoute de la précarité à la précarité », dénonce le secrétaire général. 

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Des conditions de travail qui isolent les travailleurs 

À cela s’ajoutent des conditions de travail difficiles, en partie duent à la course à la rentabilité des entreprises du nettoyage. « Les marchés sont signés à faible coût pour être compétitifs, et les répercussions sont pour les salariés », constate Nicole Hellemot, elle aussi déléguée CFDT d’une entreprise de nettoyage. « Les surfaces à nettoyer ne cessent d’augmenter dans un temps imparti de plus en plus restreint et avec des contrôles excessifs. C’est une charge énorme ! », précise la militante.  

En lien avec la multiplication des lieux de travail, beaucoup de salariés sont confrontés à la problématique de l’isolement. « Sur un échantillon de 163 établissements ayant recours à des prestations de propreté en Ille-et-Vilaine, les salariés travaillent seuls sur 96 d’entre eux (59%) », rapporte Souad Messaoudi, secrétaire générale du syndicat CFDT Services d’Ille-et-Vilaine. Travaillant en dehors des heures d’activité, soit tôt le matin ou tard le soir, les agents de la propreté sont des « travailleurs invisibles ».  

« On est en décalage avec le reste de la société qui travaille en journée, moi je travaille de 4h30 à 10h et de 17h à 21h », confie Estelle Vanderlene, « on ne rencontre personne donc on s’isole socialement. On a l’impression d’être dans un monde à part. » Pour les salariés en situation monoparentale, l’équilibre avec la vie familiale et les horaires d’école et de garde relève du funambulisme. C’est de cette réalité que découle l’une des principales revendications de la CFDT pour des horaires de travail en journée. « Les horaires de nuits sont souvent imposées par les entreprises clientes », pointe Virginie Jouan, secrétaire générale du syndicat des Services du Finistère. 

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Pour cette raison, la tournée régionale des syndicats vise aussi à sensibiliser les sociétés clientes des services de prestation de nettoyage. « C’est aussi un moyen de recréer du lien entre les salariés isolés afin de peser plus efficacement dans le dialogue social et de repenser les modes d’organisation du travail », conclut Cyrille Toulot, secrétaire général du syndicat CFDT des Côtes d’Armor. « À l’issue de la tournée, on espère pouvoir négocier des améliorations pour les salariés du secteur dans toute la France ! » Le rendez-vous est pris en janvier pour tirer les enseignements de cette enquête régionale.

[EN VIDÉO] Rencontre des salariés de la propreté à l'hopital Pontchaillou

 

La force du réseau CFDT

Les syndicats des Services remercient les militants du syndicat Santé-Sociaux d’Ille-et-Vilaine qui ont facilité leur intervention au sein du Centre Hospitalier. La force et le maillage territorial du réseau CFDT en Bretagne permettent de collaborer efficacement sur ce projet ambitieux.